Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
DANTE.

» Car la place est peu sûre, et la chute rapide !
» Depuis que ton César a vidé les arçons,
» Tes flancs ont oublié ses sanglantes leçons ;
» Et peut-être il n’est plus pour ta fougueuse allure
» De genoux assez forts, ni de main assez sûre !
» Vois tes plus nobles cœurs et tes noms honorés,
» Ceux-ci tristes, ceux-là de soupçons entourés !
» Entends se lamenter ta cité souveraine,
» Qui pleure nuit et jour sa couronne de reine !
» À ton front, quel honneur et quelle dignité ?
» À tes pieds, quelle aisance et quelle sûreté ?
» En haut, en bas, partout, regarde comme on s’aime,
» Ce qu’on veut, ce qu’on fait, et rougis de toi-même.
» Et toi, divin Sauveur, crucifié pour nous,
» Souverain bien, qu’ici j’implore à deux genoux,
» Tourne tes justes yeux sur un temps de détresse !
» À moins qu’en ses desseins ta profonde sagesse
» N’attende quelque bien de nos divisions,
» Délivre cette terre en proie aux factions,
» Où, de la fange éclos, le premier qui se nomme,
» Se proclame un Marcel, et s’érige en grand homme !
» Quant à toi, ne crains point, Florence, ma cité !
» Que le trait mis à l’arc vole de ton côté !
» Toi, qui si sagement argumente et pérore,
» On ne te dira point, avec un ris moqueur,
» De celles-là qui n’ont la justice qu’au cœur,
» Tant ce nom sonne haut dans ta bouche sonore !
» Pour ton peuple zélé point de trop lourds fardeaux ;
» Impôts, emplois, à tout tes gens tendent le dos ;
» Jouis de ce repos qu’ils font à ta mollesse,