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LAFAYETTE.


Providence de Dieu, calme dans les tempêtes !
Providence de Dieu, repos des cœurs troublés !
Toi, dont le souffle abaisse et relève nos têtes,
Comme un vent orageux le front pliant des blés ;
Si, selon mon espoir, sur ton œuvre éphémère,
Tu jettes un regard d’éternelle pitié,
Si tu veilles sur nous, comme une tendre mère
Sur son enfant qui souffre et se plaint à moitié ;
Comme autant de flambeaux, si ta main tutélaire
Alluma ces grands noms qui brillent devant nous :
Eussions-nous mille fois encouru ta colère,
Providence de Dieu, ne les éteins pas tous !
Tels qu’aux jours pénitens, où les cierges funèbres
Avec les saints versets expirent tour à tour,
Ceux qui jettent encor leurs clartés à l’entour
Vont disparaître !… alors, Seigneur, quelles ténèbres !
Que dis-je ? en vain la mort laisse les rangs ouverts,
Déjà pour les remplir, une ardente jeunesse
À grand bruit nous pousse et se presse,
Pareille au flot grondant des mers.