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LE DRAME.


Là, le précoce avril étalait ses couleurs,
Là, mille oiseaux chantaient sur les buissons en fleurs ;
Un beau fleuve y roulait son onde, et ses deux rives
Échangeaient mollement des barques fugitives,
Et l’écho répétait ces chœurs de jeunes voix,
Doux concerts, frais accords qu’on n’entend qu’une fois ;
Et la danse soumise à la note pressée,
Nouait et dénouait sa chaîne cadencée ;
Et mon front doucement se penchait sur ma main ;
Et ma bouche à demi murmurait ce refrain :

« Printemps, beauté, matin, jeunesse,
 » Sol fleuri sous un ciel d’azur,
 » Tout ce que l’un en sa richesse,
 » Tout ce que l’autre en sa promesse
 » Ont de plus doux et de plus pur !

 » Partout des regards pleins de joie,
 » Des pas qu’anime la gaîté,
 » Un corps flexible qui se ploie,
 » Ou, comme une écharpe de soie,
 » Un bras autour du cou jeté.

 » Faut-il envier votre ivresse,
 » Mains qui cherchez une autre main,
 » Attraits qu’un vent flatteur caresse,
 » Cœurs joyeux, que jamais n’oppresse
 » Ce mot, souvent si lourd : Demain ?

 » Non, du plaisir troupe idolâtre,
 » Poursuivez ces futiles jeux,