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LE DRAME.

» Hélas ! faibles ou forts, pas un d’eux ne m’écoute !
» Mais ceux qui, tout entière, ont accompli la route,
» N’ont-ils donc pas conquis un immortel trésor ?
» Oh ! de quel feu divin leurs regards resplendissent !
» Que leur triomphe est doux ! que de mains applaudissent
 » Aux hymnes de leurs harpes d’or !

Et qui me défendrait cette palme où j’aspire ?
N’ai-je donc pas comme eux une voix, une lyre ?
Peut-être, pour franchir ce mont pénible à tous,
Mes pas sauront trouver quelque sentier plus doux,
Peut-être il est pour moi, sur la cime escarpée,
Quelque dernier rameau, quelque feuille échappée ?
Peut être ?…

— Il est trop tard, et la scène a changé ;
Regarde !…
Regarde !… J’obéis d’un œil découragé ;
Et je vis ; et voilà ce qui frappa ma vue :

Le jour baissait ; au fond d’une immense avenue
Se couchait le soleil ; sur la pourpre du soir
Un nuage orageux jetait son voile noir.
Soudain, illuminé de clartés fantastiques,
Un palais somptueux déploya ses portiques ;
Et l’oreille entendait rouler de toutes parts
L’écho retentissant des chevaux et des chars ;
Et les valets couraient par troupes empressées
Aux cris des conviés ; sur les tables dressées,