Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
DEUXIÈME JOURNÉE.

Et, pour franchir son antique domaine,
Ne connaît plus qu’un chemin : l’action !
Elle a surtout compris, avec la chose,
Ce mot, forgé par un siècle de prose,
Si long, si lourd : As-so-ci-a-ti-on !
Ô temps fertile en mots peu poétiques,
Durs, ou flanqués de syllabes antiques ;
Et que régit la Constitution !

Mais quelle joie est stable en cette vie ?
Peau-d’Âne au bal s’en allait une fois ;
L’ambition seulement l’y convie,
La danse, non : elle vise aux emplois !
Le lourd satin, la blonde diaphane
Élégamment déguisaient sa peau d’âne ;
Elle a cessé de prétendre en beauté ;
Mais, dans le monde, aussitôt qu’on s’enrôle,
Sur son théâtre il faut bien prendre un rôle :
Le sien alors, c’était la dignité.

Esprits rêveurs, qui pour aspect peut-être,
N’avez qu’un mur et qu’un toit de maison ,
Qui ne pouvez vous coucher sous un hêtre,
Ni d’un haut pic embrasser l’horizon ;
Qui, vers le soir, ne pouvez sur la rive
Ouïr la mer monotone et plaintive,
Les flots du lac, ou le fleuve natal ;
Ou, sur les bois dépouillés de feuillages ,
Au vent d’hiver, voir courir les nuages…
Esprits rêveurs, allez rêver au bal !