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DEUXIÈME JOURNÉE.

» Si, dans ma robe aux couleurs de la lune,
» J’apparaissais comme l’astre des nuits ! »

Suivant soudain l’impulsion fatale,
Elle traverse un Galop commencé,
Et les salons où l’or du jeu s’étale,
Et les buffets, et le banquet dressé.
Puis elle avise une chambre isolée,
Qu’éclairait seule une lampe voilée ;
Sa main rapide en poussa les verroux :
« À moi, dit elle, à moi, chère cassette ! »
Elle apparut, et, durant sa toilette ,
L’orchestre au loin résonnait, faible et doux.

Elle revêt la robe, où d’un or pâle
Le doux reflet se marie à l’argent ;
Sur son front pur une agrafe d’opale
Jette l’éclat de son iris changeant ;
À ses bras nus la perle qui s’enlace
Rehausse un col dont la blancheur l’efface,
Ou s’entremêle à ses cheveux cendrés ;
Sa longue queue, en balayant la terre,
Semble des nuits un rayon solitaire
Flottant sur l’onde, ou traînant sur les prés.

La lune aussi venait de reparaître ;
Et, pour la voir, comme elle dans les cieux,
La jeune belle alla vers sa fenêtre
D’un pas léger, lent et silencieux.
Elle sentit la clarté bien aimée