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TROISIÈME JOURNÉE.


À vous ceci, belle, au Marais priée ;
Innocemment trompée à ce mot : Bal,
De vos atours de jeune mariée
Vous déployez le brillant arsenal.
Que voyez-vous ? Quelques blanches toilettes,
Un piano, des mamans en douillettes !…
Bientôt un bruit dénigrant et jaloux
Dans le salon bourdonne, siffle, glisse,
De votre éclat vous créant un supplice
À mille fois vous souhaiter chez vous !…

À vous, auteur dont l’œuvre caressée
Vous fit plus tard, poussé d’ambition,
Produire au jour quelque intime pensée,
Rêve adoré, secrète passion.
Mais dans la foule, incomprise, elle passe ;
Rien n’interrompt ce silence de glace,
Qu’un bâillement des échos quotidiens.
Les ennemis dont vous craigniez la rage,
Muets, hélas ! n’ont dit mot de l’ouvrage,
Et vos amis vous parlent des anciens.