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réparation des communions sacrilèges ; le neuvième, réparation des profanations sectaires. Et, ce dernier jour, si j’en étais jugée digne, renouvellement de ma Première Communion.

Mon projet fut pleinement approuvé.

Le 25 août, je commençai donc ma neuvaine ; puis, dans l’entretien que j’eus avec M. l’aumônier à la suite de ma première méditation, je lui dis comment j’avais prié. Le bienveillant prêtre m’engagea alors à mettre ces prières par écrit chaque soir, avant de me coucher ; ce serait ainsi, me dit-il, une seconde méditation qui terminerait pour le mieux ma journée, et ce serait encore un bouclier contre les assauts nocturnes du démon. Heureuse inspiration ; mon repos n’a plus été troublé.

Quand il lut, le lundi 26, mes feuilles de la veille, le bon aumônier se montra fort enthousiaste ; mais le digne homme est trop indulgent. C’est pourquoi, lorsqu’il me conseilla de publier ces pages, d’en faire une brochure qui, à son dire, stimulerait la piété, il me sembla qu’il serait imprudent de m’en rapporter à son opinion trop portée en ma faveur. J’ai eu recours à deux autres conseillers ecclésiastiques. Puis, quoique approuvée pour le fond et pour le but, ma neuvaine rédigée a été discutée. Je ne suis pas faite, on le comprend aisément, au langage et à la précision théologiques ; de là, des observations, devant lesquelles je me suis inclinée bien volontiers. Si j’avais pris le seul avis de M. l’aumônier, ma Neuvaine Eucharistique pour réparer aurait pu être publiée le 14 septembre, fête de l’Exaltation de la sainte Croix. Or, les avis ont été partagés : il y a eu opinion pour correction de diverses expressions, et opinion pour maintien de la rédaction telle quelle. Le manuscrit a été transmis à l’Évêché ; entièrement soumise à la direction que j’ai sollicité, je n’en publierai pas une ligne qui ne soit approuvée.

Ma neuvaine elle-même a donc été terminée le 2 septembre ; ce jour-là, dans la soirée, assez tard, je quittai le couvent. Le lendemain, je retrouvais Bridget à son poste, et nous faisions la suite du voyage ensemble. Enfin, le mercredi 4, j’étais de retour dans la famille où j’ai ma retraite ; la, j’ai une vaste propriété rurale à ma disposition, je suis ignorée dans le pays. Le bon curé de la paroisse est seul dans le secret ; même, la plupart des personnes de mon entourage immédiat, braves gens tout de cœur et de simplicité, sont bien loin de soupçonner qui je suis, et d’ailleurs, ne s’en préoccupent aucunement.

Et, dans la paix charmante, en mes moments de loisir, je m’abandonne à mon immense bonheur. Croire un seul Dieu, adorer Jésus, aimer Marie, est-il plus sauve allégresse ?… Et comme l’amour du bien fait prendre en haine le mal !…