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Que Dieu est bon !… Il voyait la souffrance de mon âme désorientée. Il a envoyé la vierge martyre Euprépie, afin que mon âme soit éclairée, afin que soient dissipés les noirs nuages accumulés par le démon pour m’ôter la vision nette de la vérité.

Dès lors, l’erreur s’est évanouie. Il n’y a aucune contradiction, j’en suis à présent certaine, entre saint Luc et saint Matthieu, puisque le premier donne la généalogie de Marie, et le second, celle de Joseph. À David, l’arbre de la descendance se divise en deux branches : Héli, beau-père de Joseph, n’est autre que saint Joachim, cela est évident ; et Dieu a doublement tenu sa promesse aux patriarches, attendu que le Messie a eu pour mère Marie, descendante de David par Nathan jusqu’à Héli-Joachim, et pour père légal Joseph, descendant de David par Salomon jusqu’à Jacob, beau-père de la sainte Vierge.

Gloire donc à Marie, vierge immaculée ! gloire à la reine du ciel, la plus pure des vierges, elle qui n’a même pas eu la tache du péché originel !… Oh ! oui, vierge toujours et toujours, vierge dans sa maternité, mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ, son premier-né, et mère de nous tous, catholiques, ses enfants aussi, ses second-nés !… Et sois maudit, ô Satan, toi qui rugis de haine contre l’ineffable dogme de la maternité virginale de Marie, toi l’inspirateur des hérésies et des schismes, toi l’immonde, qui voudrais de ta bave impuissante salir la couronne de la plus belle des virginités !…

Ma troisième difficulté me torturait, me déchirait le cœur.

J’étais arrivée, progressivement, à croire à la présence réelle ; mais je m’en faisais une idée fausse. Le 13 juin, quand j’assistai pour la première fois au saint sacrifice, je demandai à Jésus, dans ma prière, la grâce de la foi en l’Eucharistie : « Ô bon Jésus, agneau sans tache, disais-je, faites que je croie à votre présence dans la blanche hostie que le prêtre élève vers le ciel ! » Et cette croyance, bientôt je l’eus.

Mais, dans l’opinion que je me faisais, je comprenais Jésus-Christ, corps, sang, âme et divinité, présent dans le pain exposé sur l’autel, pour y être l’objet de l’adoration des fidèles ; mais je ne pouvais croire qu’il fut également dans le pain donné en communion.

Cependant, j’avais faim de communier ; j’enviais le bonheur des purs chrétiens, admis à la sainte Table. — S’il n’y avait que de bons communiants, pensais-je, oui, je croirais à la constante présence réelle ; mais, hélas ! il y a pis même que les communions indignes, il y a les profanations sectaires, et quelles profanations !…

Mon âme flottait, indécise, dans le plus affreux doute. J’aime tant Jésus depuis que j’ai renoncé à Lucifer, tant et tant que cela ne se peut dire !…