Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/127

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suivante, les Anglais d’abord en leur langue, puis les Indiens en ourdou-zaban :

« — Père bien-aimé, maître suprême des mondes, toi que nous adorons dans ce temple qui est la paix de tous les hommes, entends la voix de tes enfants, exauce leurs supplications. Nous renouvelons à tes pieds notre serment de combattre jusqu’à notre mort la superstition maudite, et quand sonnera notre dernière heure, nous serons, ô Père tout-puissant, dignes de toi par les effets de ta grâce, et heureux, notre tâche accomplie ici-bas, heureux d’entrer dans les délices éternelles de ton ciel de feu. Amen. »

Je m’étais agenouillé comme les autres, on le conçoit ; mais, étant étranger au rite, je n’eus pas à réciter avec eux cette prière à la divinité palladique.

Sur un coup de sifflet du grand-maître, tout le monde se releva.

Je vis alors un spectacle étrange. Le messager se souleva sur sa couche, l’air un peu endormi, seulement ; il fit quelques mouvements, se mit debout, et aussitôt toutes les blessures dont son corps était couvert s’ouvrirent comme de petites bouches, laissant échapper des filets de sang noir et corrompu qui strièrent instantanément sa peau. Il se prosterna avec ferveur devant l’autel diabolique, embrassant le sol à plusieurs reprises.

— Notre frère est sauvé, dit le grand-maître ; le baptême du serpent a produit sa vertu efficace ; notre Père bien-aimé a accueilli favorablement nos supplications. Gloria in excelsis Deo !

D’une seule voix, tous les assistants répétèrent :

Gloria in excelsis Deo !

Saoundiroun reprit son serpent au messager et s’en alla.

— Notre œuvre est finie ici, mes frères, proclama le grand-maître ; quittons le Sanctuaire des Serpents, et rendons-nous au Sanctuaire du Phénix.

Nous sortîmes donc, processionnellement, de ce premier temple.



CHAPITRE VII

Le mariage des singes.




Tous ces temples sont différents les uns des autres. Tandis que l’éclairage du premier est d’une modération excessive, le second brille d’une illumination invraisemblable. Le Sanctuaire du Phénix, où je venais de