Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frère visiteur du rite de Memphis, sans indiquer en entre ma qualité d’affilié au Palladium ; car Walder m’avait prévenu que l’existence du palladisme n’est pas révélée partout aux francs-maçons, et je n’avais pas eu le temps de me présenter dans la journée au grand-maître ; il m’eût fallu le rechercher, ne l’ayant pas rencontré à son domicile. En déjeunant à table d’hôte, à l’hôtel Adelphi, — car il y a encore un hôtel Adelphi à Singapore, — j’avais fait à plusieurs reprises le signe le plus usuel de reconnaissance des lucifériens du rite palladique ; mais aucun des convives, ni personne ensuite au café, n’y avait répondu. Évidemment, je n’avais rencontré aucun frère ré-théurgiste optimate.

Signe de reconnaissance luciférien.
Signe de reconnaissance luciférien.

En passant, puisque je viens de parler de ce signe, je vais l’indiquer. Il est d’une simplicité extrême, et mes lecteurs, instruits de ce petit secret, pourront à l’occasion voir s’ils se trouvent en présence de quelque luciférien. À table, dans un hôtel ou un restaurant, ou encore au café, lorsqu’un initié du Palladium veut découvrir sa qualité à quelque frère inconnu qui serait là, afin de lier connaissance, il prend son verre sans affectation de la façon que voici, au moment de boire : le verre tenu entre le pouce, d’une part, et le médius et l’annulaire joints, d’autre part, tandis que l’index et le petit doigt sont droits et écartés. Pendant que l’on boit en tenant le verre ainsi, la main droite a donc deux doigts levés, qui font les cornes dans la direction du ciel. Ce signe de reconnaissance est, comme on s’en rendra facilement compte, visible et remarquable au premier coup d’œil pour les initiés, et, d’autre part, il n’a rien qui puisse le signaler à l’attention des profanes, puisque cette position de la main tenant le verre a mille chances, si l’on n’est prévenu, de sembler naturelle ; en tout cas, un profane (ou non-initié) n’y prendra pas garde. À ce signe, deux lucifériens, qui sont en présence pour la première fois, se reconnaissent ; d’une table à l’autre, ils constatent qu’ils boivent en tenant le verre à la mode palladique, et ils peuvent ensuite s’aborder, sachant réciproquement à qui ils ont affaire. — Dans la maçonnerie ordinaire, pour se reconnaître dans une circonstance analogue, on fait, avant de boire, un petit mouvement avec le verre, mouvement dans le vide (devant soi) en forme d’équerre ; mais, si adroitement que soit exécutée cette manœuvre mimique, elle risque souvent d’être remarquée d’un profane, de l’intriguer, et de lui faire comprendre ainsi qu’on a fait un signe secret de convention. Le signe de reconnaissance des lucifériens