Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/248

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équivaut à la franc-maçonnerie des arrière-loges, qui est même, et c’est bien cela, une des branches de la haute maçonnerie. Dans la San-ho-hoeï, Bouddha, divinité païenne, ou, pour mieux dire, l’apôtre Çakyamouni, l’illuminé divinisé sous le nom de Bouddha, s’efface, disparaît derrière Brahma-Lucif, transformé en Tcheun-Young, et c’est bien Lucifer en personne qui est adoré. Le système gnostique chinois va même plus loin que le palladisme ordinaire dans l’outrage à notre Dieu : les sectaires de la San-ho-hoeï donnent couramment le nom de « diable » au Dieu des chrétiens ; quant au Christ, ils ne l’appellent que « le cochon Yé-su ». On me pardonnera de reproduire cet ignoble blasphème ; mais je me suis fait une loi de dire ce qui est ; c’est même sous la forme d’un cochon crucifié que N.-S. Jésus-Christ est représenté par ces misérables sur les peintures murales de leurs temples.

Voilà donc bien le satanisme dans toute sa haine ; le voilà en pleine explosion de sa rage infernale.

La San-ho-hoeï ne relève pas du pontife luciférien de Charleston ; mais son chef civil et politique, qui réside à Pékin, et qu’il ne faut pas confondre avec le Dalaï-Lama, chef religieux, traite de pair avec l’anti-pape théurgiste. Le franc-maçon, qui est affilié au Palladium, est bien accueilli chez les occultistes chinois ; je dirai plus loin comment on pénètre dans leurs temples secrets ; car, là aussi, j’ai pénétré.

Ces quelques mots sont pour bien faire ressortir que je ne viens pas rééditer ici de vieilles histoires concernant les satanistes de l’Extrême-Orient. Ce n’est pas du satanisme d’hier, mais de celui d’aujourd’hui, que je vais parler ; non pas de celui du centre de la Chine, encore à demi-sauvage, mais de celui des côtes, des endroits où l’Européen s’est établi, où il est accepté par le gouvernement impérial, où il réside en permanence. Je n’avance donc rien qui ne puisse être contrôlé. Je n’ai pas la prétention d’avoir le monopole de la hardiesse. Si quelque catholique, lisant mon ouvrage, doutait de l’authenticité de ce que je raconte, il n’aurait, pour vérifier, qu’à s’armer d’un peu de courage et à imiter mon exemple ; car j’indique la marche que j’ai suivie, et tout autre homme, qui ne craindre pas de s’exposer au danger d’être assassiné au cas où sa ruse serait éventée, pourra suivre cette marche et passer partout où j’ai passé.

J’ai laissé de côté la suite de mon voyage au départ de Singapore. Je dirai seulement, en passant, qu’à Saïgon je rendis visite à la loge française, laquelle porte le titre de Réveil de l’Orient et dépend directement du Grand-Orient de Paris. C’est une loge non affiliée au palladisme. Le vénérable d’alors, le frère Édouard Bézian, était un négociant français, dont j’avais connu un parent à Montpellier, alors que je faisais mes études