Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/270

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un Boquillon plus ou moins fou, à la cervelle constamment hantée d’un monstrueux cauchemar.

Dans nos églises chrétiennes, nous avons une succession de tableaux formant série : le chemin de la croix. Eux, les sectaires de la San-ho-hoeï, ils ont, dans leurs temples secrets, une série d’horreurs, la série des supplices à infliger aux missionnaires catholiques.

Quand un maçon haut-gradé, d’un rite en correspondance avec les lucifériens chinois, est admis à une de leurs réunions, ils ne se mettent pas immédiatement en séance ; ils sont fiers de lui faire les honneurs de leur local ; très orgueilleux de leurs peintures, ils les lui expliquent.

Pour eux, le ré-théurgiste optimate, qui, dans des contrées où la religion de la majorité est soit le catholicisme soit le protestantisme, est en secret un fidèle fervent de l’éternel ennemi du dieu des missionnaires, ce frère est, à leurs yeux, un allié sûr ; ils se sentent unis à lui par la haine, une haine commune, une haine infernale ; c’est pourquoi celui-ci les voit tels qu’ils sont, c’est-à-dire plus affreux d’âme encore que de corps ; avec lui, ils s’épanchent, ils rejettent leur habituelle fourberie.

Ce que j’ai vu ce jour-là à Tong-Ka-Dou est épouvantable, et cela était en même temps extraordinaire ; j’ai assisté à des phénomènes de spiritisme satanique vraiment inouïs.

Le sceptique dira que ce que je vais raconter de cette séance de la San-ho-hoeï est un souvenir du rêve dont mon imagination a été frappée pendant mon ivresse d’opium ; il dira que je ne suis pas sorti de l’opium-shop et que je me figure avoir vu toutes ces choses.

Heureusement, j’ai eu une preuve matérielle, indiscutable, que je me suis très réellement réveillé dans un des temples de la San-ho-hoeï et que je n’ai nullement été l’objet d’hallucinations quelconques à partir de ce moment-là.

Cette preuve, la voici :

À l’un de mes voyages postérieurs, je visitai la loge anglaise de Hong-Kong (rite de Royale-Arche) ; dans la journée, je fus à la bibliothèque maçonnique, guidé par un frère archiviste fort complaisant. Or, parmi les curiosités qu’il me montra, se trouvaient, j’en fus stupéfié, des reproductions photographiques très exactes des peintures murales que j’avais vues dans le temple luciférien chinois de Tong-Ka-Dou.

Je demandai au frère archiviste ce qu’étaient ces photographies, me gardant bien, on le comprend, de lui dire que les sujets représentés ne m’étaient pas inconnus.

Il me répondit :

— Ce sont des tableaux dont l’association chinoise de la San-ho-hoeï orne ses salles de réunion. Notre rite n’a pas la correspondance avec cette