Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/275

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Les appareils, que l’on remarque dans ce dessin, et d’où les tortionnaires tirent l’urine qu’ils versent au moyen d’un entonnoir dans la bouche des prêtres martyrs, sont très exactement la représentation des urinoirs publics (portatifs) installés en Chine au coin des rues. La haine de ces scélérats est telle, qu’il arrive souvent qu’ils viennent l’un après l’autre uriner dans la bouche du missionnaire couché et attaché sur le sol ; il n’est pas d’horreur qu’ils n’aient imaginée pour raffiner leurs supplices.

spécimen D (page 269)

Titre du tableau. — Châtiment suprême infligé justement aux cochons.

À droite. — Derrière les grilles de leur prison, les cochons-missionnaires assistent au supplice du cochon Yé-Su…

À gauche. — La scie et l’écorchoir…

Dans ce qui précède, je n’ai pas pu, par respect pour mes lecteurs, donner la traduction de tout ce chinois, non-seulement blasphémateur, mais blasphémateur ordurier et obscène.

Je ferai remarquer, pour terminer, que le pourceau que l’on scie en deux dans ce tableau porte sur le corps (comme celui crucifié du spécimen A) les caractères donnant le mot Yé-Su.



Après m’avoir montré avec orgueil leurs tableaux et me les avoir expliqués, les frères de la San-ho-hoeï m’annoncèrent qu’ils n’attendaient plus personne et qu’ils allaient ouvrir la séance.

Parmi les quelques Anglais qui se trouvaient là, il y en avait deux qui appartenaient au Rite Écossais, avec le grade de souverain grand inspecteur général (33e degré), mais qui avaient reçu en outre l’initiation palladique, ainsi qu’en témoignaient leurs insignes ; comme moi, ils avaient dû se soumettre à l’ivresse d’opium pour être admis à titre de visiteurs.

Les autres Anglais qui se trouvaient là étaient directement affiliés à la San-ho-hoeï, en faisaient partie ; ils portaient, en écharpe, le cordon du Rite Céleste, dont le principal ornement est le dragon à cinq griffes.

Mais tous les assistants sans exception avaient, en camail, le cordon palladique, moiré noir avec liseré blanc en bordure, et le bijou (petite échelle d’or à sept échelons) suspendu à la pointe. Ces ornements sont portés par les lucifériens chinois pour faire honneur aux affiliés du Palladium de Charleston qu’ils reçoivent et afin de leur témoigner combien, sous le rapport des idées religieuses, ils sont d’accord avec eux.

Les lucifériens chinois vont même plus loin. Pour marquer mieux encore leur parfaite concordance d’idées avec les palladistes, ils s’expriment en anglais, dans ces séances spéciales, et, chaque fois qu’ils ont à parler du Dieu-Bon, ils disent Lucifer au lieu de Tcheun-Young, et Baal-Zéboub au lieu de Zi-ka. C’est là la meilleure preuve que la San-ho-hoeï et la Maçonnerie Palladique sont sœurs et savent fort bien que l’objet de leur adoration, à l’une et à l’autre, est le même dieu, Satan.