Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/351

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libre-pensée sceptique, ne contrecarrent pas leurs idées sur ce point, ne cherchent pas à les attirer aux derniers mystères de la philosophie gnostique, et les utilisent dans leur sphère d’action, afin de ne se priver d’aucun de ces auxiliaires précieux.

Par contre, on compte, — mais à titre tout à fait exceptionnel, — quelques palladistes recrutés en dehors de la franc-maçonnerie ordinaire. C’est à ceux-ci que Carbuccia faisait allusion, lorsqu’il me disait : « Les Ré-Théurgistes Optimates appartiennent presque tous à la franc-maçonnerie ». Cette catégorie fort restreinte comporte des spirites, qui, par le commerce des esprits fréquemment évoqués, en sont venus d’eux-mêmes à ne plus se faire illusion sur le caractère diabolique des phénomènes surnaturels dont ils sont les témoins, et qui, en proie à une perversion totale des idées, s’endurcissent dans leurs coupables pratiques et deviennent peu à peu lucifériens, au lieu de se convertir. Le Palladisme se les attache donc, eux aussi, quand il les rencontre ; et ceux-ci, comme on pense bien, n’ont pas besoin d’être envoyés dans les loges, puisque leur éducation satanique se trouve avoir été toute faite en dehors de l’engrenage de la maçonnerie.

En fondant le Rite Palladique Réformé Nouveau, le général Pike n’a pas créé l’occultisme maçonnique ; il existait avant le 20 septembre 1870 ; l’histoire tout entière de la secte le prouve, depuis Anderson et Désaguliers, qui l’instituèrent à Londres en 1717, jusqu’à Ragon, mort en 1862. Weishaupt, Swedenborg, Lessing, Frédéric Il de Prusse, Mesmer, Pernety, Cagliostro, Martinez Pasqualis et son disciple Saint-Martin, Francia (le dictateur du Paraguay), lord Palmerston, le général Contreras, Mazzini, et tant d’autres francs-maçons de marque se livraient aux pratiques occultistes, travaillaient au grand-œuvre de la cabale. Mais les arrière-loges opéraient isolément, sans organisation commune, sans autre direction que celle des rituels de théurgie de Swedenborg, de Saint-Martin, de Laffon-Landébat, du vicomte de La Jonquiére, etc. ; en un mot, les maçons initiés à l’hermétisme, sans suivre aucune loi générale, dispersés en diverses écoles, n’étaient pas groupés ni organisés au point de vue international. Ce groupement, c’est Albert Pike qui en a été le créateur. Voilà son œuvre, à moins que ce ne soit, comme il est permis de le croire, l’œuvre de Satan en personne, jugeant le moment venu de mettre lui-même la main à la pâte.

Et tandis que Pike posait les bases du Palladisme à Charleston, Mazzini, d’accord avec lui, organisait à Rome, où il accourut au lendemain de l’entrée des troupes piémontaises, la centralisation de l’action politique. Le premier reconnut le second comme Chef d’Action politique, et ainsi fut institué le Souverain Directoire Exécutif, ayant son siège dans