Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/383

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Il n’est nul besoin de faire suivre ce tableau du moindre commentaire. Les lecteurs qui s’intéressent à un ouvrage du genre de celui-ci constituent un public d’élite, et, bien que mes révélations soient publiées dans la forme qui pénètre le plus facilement parmi les masses populaires, je sais, par les innombrables lettres de félicitations et d’encouragement qui me sont adressées, que ma campagne est surtout suivie par les hommes d’étude, par les catholiques déjà au courant des questions maçonniques. Bien des choses qui, jusqu’à présent, avaient été seulement soupçonnées, sont maintenant élucidées. Aussi, je n’ai point à insister à propos de ce tableau, dont la publication démasque tous les rouages de la haute maçonnerie. Il ne faut donc pas se contenter de le lire, il faut le relire ; les hommes d’étude n’y manqueront pas, et un examen approfondi leur donnera la clef de bien des mystères, sans que j’aie à entrer dans des explications à ce sujet.

D’ailleurs, j’ai hâte d’en finir avec Charleston, et pourtant il me reste beaucoup à dire.

Lorsque je me trouvai pour la première fois dans la Rome luciférienne, — ce jour du 10 mars 1881, — je ne savais pas alors sur Albert Pike tout ce que je viens de rapporter. Comme témoin du palladisme, je n’avais recueilli encore des renseignements sûrs que relativement à ce qui se passe en Asie, et même, sur les faits et gestes du Directoire de Calcutta et de ses dépendances, je ne savais pas tout. Quant au Suprême Chef Dogmatique, je connaissais son existence ; mais j’ignorais l’étendue de son action, et surtout je n’avais pas scruté le diabolisme de ses manœuvres.

J’attendais donc avec impatience, chez Gallatin Mackey, la fin du dîner et des toasts et déclamations qu’arrosait le champagne. Enfin, nous nous rendîmes au temple. Mais j’eus une déception. La soirée se passa à la salle du Triangle, où quelques Kadosch du rite écossais furent reçus Kadosch du Palladium ; on avait réservé à Pike l’honneur de les initier. Certes, l’initiation au premier degré masculin palladique est curieuse ; mais le compte-rendu de cette séance ne serait qu’une reproduction de rituel ; ce n’est pas ici qu’il convient de produire des documents de cette espèce.

Je me bornerai à mentionner un petit incident.

Au cours de l’interrogatoire des récipiendaires, l’un d’entre eux, faisant connaître ses sentiments, déclara avec emphase qu’il éprouvait une très vive sympathie à l’égard de Satan ; car, dit-il, Satan était indignement calomnié par les prêtres.

Là-dessus, Albert Pike interrompit le récipiendaire et le gourmanda assez durement sur le choix de ses expressions. Satan était un mot catho-