Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/450

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Notons, en passant, une section sicilienne, établie à Palerme, et dépendant de ce Suprême Conseil ; elle avait pour grand-maître l’avocat Messineo.

Souverain Conseil Général du Rite de Memphis et Misraïm, ayant siège central à Naples. Rite dit oriental, en 92 degrés d’abord, puis en 97, et ayant enfin opéré une nouvelle réforme dont je parlerai plus loin.

Grand-maître général (en titre effectif) du rite, pour tous les pays du globe : général Garibaldi. Souverain grand commandeur, spécial pour l’Italie : Giambattista Pessina. — Ici, le général Garibaldi était le vrai chef ; le rite de Memphis et Misraim était son rite préféré ; de son îlot de Caprera, il inspirait les ateliers misraïmites établis en Italie, en Angleterre, en France, en Égypte et même en Amérique ; il laissait à Pessina le soin des affaires administratives, et s’occupait, lui, de la haute direction et de la correspondance avec Charleston. Garibaldi, qui était avant tout homme d’action et qui avait été, avec Mazzini, le chef des conspirations contre la Papauté, avait une grande confiance en Lemmi ; le sachant à la tête du directoire secret de Rome, il associait sa haine à celle du banquier juif et secondait les manœuvres de celui-ci en mettant à son service toutes les influences personnelles qu’il exerçait.

Notons, en passant, une section sicilienne ou Grand Consistoire du rite de Memphis, ayant son siège à Catane, avec Francesco Imberti pour grand-maître président.

On le voit, le chef suprême Albert Pike était admirablement servi en Italie. À défaut de Mazzini mort, il avait, pour organiser et stimuler les attaques de la maçonnerie italienne contre l’Église catholique : au premier rang, Garibaldi et Lemmi ; au second rang, Riboli et Castellazzo. Néanmoins, il souhaitait de voir une fusion s’opérer entre le Grand Orient et les deux Suprêmes Conseils rivaux ; ce fut Lemmi qui réalisa son vœu.

En attendant, l’Italie comptait quatre puissances maçonniques en état d’hostilité sourde. Et à ce propos, je ne puis m’empêcher de relever ici une des innombrables erreurs de M. Paul Rosen, écrivant ses livres en initié par trop incomplet. Dans son volume l’Ennemie Sociale (p. 329), cet auteur ne cite et ne connaît, comme puissances maçonniques italiennes de 1877 à 1887, que le Grand Orient de Rome, le Suprême Conseil de Rome et le Suprême Conseil de Turin. Il oublie tout simplement, il ignore le Souverain Conseil Général de Naples, dont Garibaldi était le souverain grand-maître, non pas à titre honorifique, mais bien à titre réel et effectif. Pour un oubli, en voilà un qui peut compter ; et, après une omission de ce calibre, fiez-vous donc aux renseignements d’un 33e reçu avec l’anneau ![1]

  1. Ce pauvre M. Rosen s’est tellement bien laissé mystifier par ses collègues, lorsqu’ils lui ont conféré ce 33e degré comme étant le plus haut grade maçonnique, qu’il a eu l’ingénuité de