Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/498

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figure qui rappelle hiéroglyphiquement le signe zodiacal de l’écrevisse ; sur la dent opposée, il grave un signe mixte rappelant celui des gémeaux et celui du lion. Entre les serres de l’écrevisse, il place le soleil, symbole du royaume du feu, et près du lion, la croix de Saint-André, dont j’ai dit le sens hiératique. Sur la dent du milieu, il grave hiéroglyphiquement la figure du serpent d’Éden, dit serpent céleste, ayant pour tête le signe de Jupiter, planète affectée spécialement à l’esprit Ariel. Du côté de l’écrevisse, on lira le mot obito, ainsi traduit : « Va-t-en, recule ». Du côté du lion, en lira le mot imo, traduit par : « Quand même, persiste ». Au centre et près du serpent céleste, le fabricant luciférien grave le mot cabalistique AP-DO-SAL, composé d’une abréviation, d’un mot talmudique retourné cabalistiquement, et enfin d’un mot entier et vulgaire. Le rituel de l’apostat Constant, dont je possède un exemplaire, explique toutes ces choses étranges ; quand je dis « explique », c’est une façon de parler, car il faut être déjà ferré sur l’occultisme pour comprendre. N’importe, les détails donnés par le docteur en science luciférienne méritent d’être reproduits.

« Pour AP, dit le F∴ Constant, il faut lire AR, parce que ce sont les deux premières lettres grecques du mot Archée ; pour DO, il faut lire OD ; quant à SAL, il n’y a aucune difficulté d’interprétation. Ce sont les trois substances premières, et les noms occultes d’Archée et d’Od expriment les mêmes choses que le soufre et le mercure des philosophes.

« Sur la tige de fer qui doit servir à emmancher le trident de Paracelse, on voit trois fois la lettre P. P. P., hiéroglyphe phalloïde et lingamique, puis les mots VLI DOX FATO, qu’il faut lire en prenant la première lettre pour le nombre (5) du pentagramme, en chiffre romain (V), et compléter ainsi : Pentagrammatica Libertate Doxa Fato. Ceci équivaut aux trois lettres de Cagliostro : L∴ P∴ D∴ »

Ces trois fameuses lettres ont été adoptées par la franc-maçonnerie ordinaire, au 15e degré des principaux rites ; mais leur véritable sens n’est pas révélé aux initiés des chapitres de ce grade. À l’époque de la conspiration générale de la secte contre la royauté et en particulier contre toutes les monarchies ayant pour roi un membre de la famille capétienne à laquelle appartenait Philippe-le-Bel, on traduisait ainsi les trois lettres : Lilia Pedibus Destrue, détruis les lis en les foulant aux pieds ; et c’est encore le sens donné dans les pays gouvernés par les Bourbons (Espagne et Portugal). Partout où les Bourbons ont disparu, là où l’on est en république ou en monarchie avec roi d’une race non particulièrement exécrée, en un mot, partout où la lutte est portée surtout sur le terrain religieux, les trois lettres ont leur ordre changé : L∴ D∴ P∴ ; et l’interprétation donnée dans la maçonnerie ordinaire