Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/505

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avec le pentagramme simple, comme l’épée avec le grand pentagramme sacré dans les solennités les plus importantes. Ce n’est point là la baguette qui s’emmanche au trident de Paracelse pour repousser les maleachs ; ce n’est pas non plus la baguette divinatoire. Elle est en chêne dur, traversée dans toute sa longueur par une tige d’acier, à laquelle on adapte une lance en or à un bout et une lance en argent à l’autre bout. La branche de chêne dont on a fait cette baguette doit avoir été coupée par un Mage Élu, qui certifie avoir opéré conformément au rituel, c’est-à-dire l’avoir coupée la nuit, avec la serpe magique, et en prononçant certaine formule ésotérique. La baguette est peinte en rouge pourpre pour la moitié et en vert-pré pour l’autre moitié.

Quant à la serpe, elle est en forme de croissant et d’acier bien tranchant ; la poignée est en cuivre doré.

C’est à Gibraltar que se fabriquent, je l’ai dit, la plupart des objets employés dans les évocations ; les trépieds, néanmoins, se fabriquent aussi partout où se trouve un directoire : ils sont en fer, dans la forme antique des trépieds sur lesquels s’asseyaient les pythonisses ; ceux qui supportent des brasiers à parfums sont en cuivre doré ; la fabrication des uns et des autres n’est nullement compliquée, et les premiers seuls reçoivent une consécration.

Quant aux bois, ne l’oublions pas, ils sont travaillés sur place, grâce à des personnels d’ouvriers spéciaux, envoyés des capitales aux villes où se fondent des triangles ; et Gibraltar ne prend à sa charge que les ouvrages comportant un travail artistique, une sculpture plus ou moins soignée du bois.

Maintenant les ateliers de Gibraltar ne fournissent pas toujours les triangles directement. Il est des commerçants qui s’approvisionnent de ces accessoires du culte maudit et qui les tiennent en cachette. Ces intermédiaires sont affiliés secrètement au Palladisme ou à des sociétés dissidentes de magie. Ils sont assez difficiles à découvrir ; car fort souvent, cela est triste à dire, ces fournisseurs de l’occultisme moderne sont des marchands catholiques, des marchands d’objets de piété, d’ornements ou de matériel d’église.

N’ayant jamais eu à faire de commandes, puisque j’appartenais au Lotus de Charleston et que je me suis bien gardé de fonder n’importe où un triangle, c’est là à peu près le seul point sur lequel je manque de renseignements précis. Et, d’autre part, la question est trop délicate pour que je cite des maisons qui ont pu me paraître suspectes, mais contre lesquelles je n’ai recueilli aucune preuve décisive.

Cependant, il est une maison anglaise dont il n’est pas inutile de parler ; c’est MM. Hardman, Powell et Cie, de Birmingham, extérieurement