Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/567

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service de l’étude des centres moteurs et idéatifs, au service en définitive de l’anatomie et de la physiologie, elle se propose, par nous, de la mettre au service de l’étude psychologique et physiologique des phénomènes mystérieux du spiritisme dont notre société s’occupe plus particulièrement. Comme pour le reste, avec une méthode précise, rigoureuse, positive, elle va chercher les relations de causes à effets, les coefficients de la production de ces phénomènes.

« Jusqu’à ce jour, vous le savez, le spiritisme, en France comme en Allemagne, plus particulièrement, est laissé aux mains de charlatans ou d’imbéciles (marktschreier, oder dümesten leüte) ; ceux-là s’empressent de tenir sous le boisseau les expériences auxquelles ils se livrent et les résultats qu’ils obtiennent et dont ils sont incapables de comprendre les causes. Tout se passe en bavardages et en pratiques de vieilles femmes qui dégoûtent et éloignent de cette branche si intéressante de l’au-delà les gens sérieux aptes à la faire progresser.

« Nous avons ici, dit-il en se tournant vers moi, un de nos collègues français ; eh bien, je m’adresse à lui, et je lui demande si je n’ai pas raison. Nos voisins ont assez de raisons justes et légitimes de s’enorgueillir de leur science, pour convenir que chez eux aussi, comme chez nous d’ailleurs, grouillent à côté d’elle des tourbes de fripons et d’exploiteurs. Tenez, par exemple, continua-t-il en s’adressant toujours à moi, très distingué collègue, il m’est arrivé, il n’y a pas longtemps encore, dans un de mes récents voyages à Paris, d’assister à une réunion de spirites dans un local près de votre admirable Bibliothèque nationale, dans une des rues latérales d’un petit jardin qui est là, où se trouve une fontaine : j’en suis sorti, je l’avoue, absolument écœuré. Je me suis trouvé là en présence d’une espèce de petit vieux ramolli, une tête de concierge, qui présidait. Ce que j’ai entendu débiter de saugrenuités par cet homme, c’est incroyable. Il est vrai que son auditoire était en grande partie composé de vieilles bonnes femmes, des « toquées » très probablement, comme on les nomme chez vous. Deux ou trois hommes seulement, des compères, visiblement, s’amusèrent à faire tourner des guéridons devant les vieilles bonnes femmes ébahies et épouvantées. Il en est de même chez nous, en Allemagne, très distingué confrère, et cela est bien fâcheux, en vérité ; et il n’est que temps que des hommes sérieux et savants dans toutes les sciences, tels que notre société en comprend de nombreux dans son sein, s’occupent de montrer que le spiritisme est baliverne et jonglerie, dès qu’on ne sait pas le comprendre, dès que la cause mystérieuse et surnaturelle réelle vous en échappe.

« Aussi est-ce pour cela que vous êtes ce soir réunis.

« J’ai convoqué devant nous, sans leur en expliquer le véritable motif,