Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/635

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À la sortie de la salle, je rencontrai le frère Hoffmann, qui était, ma foi, fort mécontent de la fin de la séance. Certes, il ne doutait pas, lui, de l’existence du surnaturel ; mais les désagréments qu’il venait de subir (car il était, pour son compte, tout meurtri de coups) ne lui ouvraient pas les yeux.

En effet, lorsque, dans une manifestation d’esprits comme celle de ce soir-là, on entend les clameurs, les hurlements effroyables, le vacarme infernal que j’ai dits, les palladistes attribuent l’incident à une bataille, pour eux invisible, entre les esprits du feu et les maleachs. Si les apparitions se déchaînent tout à coup contre eux, sous forme de monstres hideux et en outre malfaisants qui les frappent, ils en concluent que les esprits du feu viennent d’être vaincus et que les apparitions sont des maleachs dont ils reçoivent les désagréables horions.

Au lieu de réfléchir, ils se bornent à panser leurs meurtrissures, et ils se recommandent de plus belle à la protection de Lucifer. Cet endurcissement dans l’erreur peut paraître invraisemblable ; mais il ne faut pas oublier que la secrète religion palladique s’empare graduellement de l’esprit de ses fidèles et ainsi les aveugle de la façon la plus complète. En me quittant, Justus Hoffmann me disait :

— Somme toute, nous avons été fort malmenés par les maleachs ; mais ce qui me console, c’est qu’en définitive l’avantage, dans cette escarmouche entre nos bons esprits et ceux d’Adonaï, les nôtres ont eu évidemment la victoire et nous vengent à cette heure dans les cieux infinis… Avez-vous constaté avec quelle soudaineté et quelle puissance nous avons été finalement débarrassés de nos persécuteurs par les légions invisibles de notre Dieu ?…

Je ne lui répondis pas, tant je fus stupéfait d’un tel raisonnement ; mais, franchement, peut-on rêver un tel degré d’aberration ?




CHAPITRE XXII

L’Hystérie et les hystériques.




Le lecteur chrétien sait, maintenant, à quoi s’en tenir en ce qui concerne le spiritisme et ne se laissera plus duper, d’un côté par les charlatans, de l’autre côté par le démon. Il comprend aussi combien se livrer à ce genre d’exercices est dangereux au point de vue moral et spirituel, et