Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/636

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combien l’Église a raison de s’élever contre ces pratiques ; il se rappellera, en effet, que les pseudo-spirites ouvrent la voie aux Vocates Procédants, que des Vocates Procédants aux Vocates Élus, il n’y a qu’un pas vers l’enfer, et que ce pas est vite franchi. Il faut quelques secondes à peine sur cette pente pour se damner et perdre son âme, peut-être à jamais, si la miséricorde divine infinie n’intervient pas au moment suprême ; enfin, il aura toujours présent à la mémoire le petit tableau suivant qui lui résume la progression des phénomènes obtenus :

Pseudo-Spirites : Jongleries pures et attrape-nigauds.

Vocates Procédants : Rien du tout d’abord ; puis, le diable se mettant en frais, quelques effets d’apparence rassurante : coups frappés, écritures, etc., etc. ; puis, dans une deuxième période, aux phénomènes précédents se joignent des lumières vues dans l’obscurité, des mains invisibles, quelquefois des éclats insolites de voix ; dès lors, le diable est là, représenté par un ou plusieurs de ses acolytes, il n’y a plus à en douter ; enfin, des gestes et de la pantomime, le diable passe aux actes ; ce sont des objets qui se trouvent ou tombent sans qu’on les attende ; un secours porté dans telle ou telle occasion, et aussitôt alors et par une maladresse dont est coutumier l’esprit maudit, à cause de son empressement à -vouloir définitivement enlever et saisir l’âme qu’il convoite, comme s’il trouvait que cela tarde trop, arrivent des brutalités inattendues, l’offre d’un pacte, qui d’ordinaire surprend, épouvante, mais auquel échappe bien rarement celui qui dans son antichrétienne obstination a poussé les choses jusque-là. Alors, il fait partie des Vocates Élus.

Lecteur catholique, fuyez le spiritisme, et craignez-le comme l’enfer lui-même, dont il provient.

Mais il me faut, il en est temps, quitter ce spiritisme, sur lequel il y aurait encore beaucoup à dire si l’on voulait entrer dans tous les détails. Cela est malheureusement impossible dans une publication comme celle-ci, forcément limitée ; et j’ai besoin, continuant ma route d’enquête, de démasquer le diable dans d’autres de ses opérations.

À ce point de vue, hystériques et démoniaques vont me fournir des sujets inépuisables d’observations et de découvertes, au double flambeau de la religion et de la science, celle-ci si lumineuse, quand elle s’appuie sur celle-là.

Mais, pour en arriver aux démoniaques proprement dits, pour que le lecteur puisse bien comprendre ce que je lui dirai de ce qui les différencie très nettement et les sépare d’avec les hystériques, pour que je puisse lui raconter avec fruit ce que j’ai vu et observé chez les lucifériens, il me faut tout d’abord lui faire toucher du doigt ce que c’est que l’hystérie.

Un grand problème se dresse en effet, tout d’abord, au seuil de cette