Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/651

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Tous ces mouvements sont lents, pénibles, douloureux ; c’est une contracture, une crampe générale, une raideur de tous les muscles du corps, qui constitue la phase dite de convulsions toniques. On dirait que le malade s’étend, s’étire à la fois avec une grande lenteur et une extrême énergie. À cette période, qui dure plus ou moins longtemps, en général quelques minutes, avec de très légères secousses du corps en totalité, succèdent immédiatement et sans transition les convulsions cloniques.

Celles-là affectent toutes sortes de formes et consistent en une série de mouvements, de gestes et d’actes désordonnés et en apparence tout au moins sans cohérence. Violemment tendu, l’arc nerveux et musculaire se détend brusquement, imprimant des vibrations d’amplitude et de vigueur différentes à la corde qui le sous-tendait. C’est ainsi qu’il faut comprendre le but et la cause des convulsions cloniques.

Alors, le malade se roule par terre, frappant alternativement le sol avec les différentes parties du corps ; il se contorsionne de diverses façons, jetant de côté et d’autre ses bras et ses jambes, comme une tortue mise sur le dos et qui s’essaie à se redresser ; et c’est peut-être là qu’il faut en effet chercher la cause réelle des convulsions cloniques : un essai de l’hystérique, dont la crise de contracture, de congestion, de rigidité, de crampe, est terminée, de se ressaisir et de revenir à lui, mais inefficacement encore.

Ici encore interviennent ce que l’on appelle les attitudes passionnelles, c’est-à-dire exprimant des passions, mais mal esquissées encore à ce point de la maladie, et que nous allons retrouver tout à l’heure mieux dessinées et plus caractéristiques. Ces attitudes varient. On y rencontre d’abord la projection en avant du bassin (avec mouvement de casserole) qui est typique pathognomonique de l’affection qui nous occupe, et si expressive, — faussement expressive, disons-le bien vite, — qu’elle a été prise longtemps pour la caractéristique même de la maladie, que l’on considérait comme une maladie satyriasique, à cause de ce mouvement du bassin et des hanches, véritable danse du ventre, érotique en apparence.

Rappeler aujourd’hui cette idée ancienne et absolument erronée, c’est en montrer le peu de valeur et la classer définitivement dans les erreurs absolues. L’hystérie, le fait est démontré avec une rigueur scientifique absolue, et qui ne laisse place à aucun doute, est une maladie spéciale du système nerveux, et non du tempérament, dans le sens où ce mot se prenait jadis.

Après le mouvement de casserole, se rencontre la crucifixation. Cette convulsion clonique est banale. Jetez par terre une personne quelconque en état de relâchement complet, ou même un cadavre non encore rigide, et, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, les bras seront projetés en l’air,