Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/667

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ou moins, et ils les désignent à l’attention curieuse du public, intéressée des médecins.

Mais ici encore il faut distinguer : tant que le tic sert seulement à accompagner une pensée, à compléter une idée, à accroitre la force d’un argument (comme le tic d’un orateur qui fait toujours le même geste, dans le feu de son discours), il est voulu, il a sa raison d’être et masque seulement quelquefois la timidité ; mais dès qu’il devient irrésistible et surtout inconscient, dès lors il entre dans la symptomatologie de la névrose, et le tic est alors une des formes frustes de l’hystérie.

Passons en revue ces tics : ils nous reposeront un instant des questions ardues que nous venons de parcourir. C’est l’humanité grimaçante que nous allons kaleïdoscoper.

Parmi les tics, voici d’abord le « cligneur » qui semble toujours avoir un œil rempli de sable qu’il s’occupe à chasser en clignant ; puis le « fronceur », qui fait le lapin avec son nez ; « le secoueur de tête », qui dit constamment oui ou non d’un air moqueur ou goguenard ; puis, viennent le « renifleur », le « souffleur » qui semblent procéder du marsouin ou du phoque.

La bouche, à son tour, va nous fournir des variétés. D’abord, le « mâchonneur », qui toujours mâche à vide sans rime ni raison (je ne parle pas, bien entendu, du vieillard édenté) ; le « téteur de langue », qui pousse sa langue de côté entre ses grosses molaires et la suce doucement, la mâchonne, comme s’il tétait ; le « nettoyeur de vestibule », qui la passe constamment entre ses joues, ses dents et ses lèvres surtout, comme s’il nettoyait ces parties. Puis, viennent les « siffleurs », les « postillonneurs », ceux qui postillonnent sans que ce soit l’effet d’un défaut de dentition, les « pschutteurs », enfin les « claqueurs de langue », les « grinceurs de dents », les « crachotteurs ». D’autres encore se passent incessamment la langue sur les lèvres, entre elles, comme pour les humecter doucement, à petits coups rapides, sans compter les « mordilleurs de lèvres ».

Si au « secoueur de tête », vous prêtez les différentes attitudes qu’il peut prendre, si vous y ajoutez l’homme à l’oreille, à la peau du front, à la mèche de cheveux mobiles, vous aurez l’ensemble à peu près de tous les tics céphaliques qui peuvent se trouver, seuls ou associés, chez le même individu.

Certaines gens dansent en marchant ou quand ils sont au repos ; d’autres sautent ; d’autres enfin se balancent, c’est le « tic de l’ours » ; il y en a enfin qui tremblent sans s’arrêter.

Les jambes possèdent peu de tics coordonnés, et, à proprement parler, il n’y a guère que celui qui consiste, étant assis, à remuer constamment,