Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/672

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Ainsi donc, une maladie existe, qui s’appelle l’hystérie. Elle est caractérisée par une altération — exagération ou diminution — des fonctions de la vie végétative qui sont sous la dépendance du système nerveux du grand sympathique ; à un moment donné de son évolution, l’hystérie agit sur le système nerveux cérèbro-spinal ou de relations, originellement indemne. Inhibition, sommeil, catalepsie, somnambulisme, tels sont les symptômes, les diverses phases de son expression phénoménale, produits ou résultats de troubles fonctionnels mélangés dans les deux systèmes nerveux. Enfin, ces phénomènes, qui se déroulent naturellement en général, peuvent aussi être provoqués, dans l’hypnotisme ou hystérie artificielle, par auto-suggestion du sujet sur lui-même, ou par suggestion de quelqu’un sur lui.

En dehors des crises, en dehors des phases qui peuvent survenir, mais aussi ne pas survenir, le malade est calme, vit comme tout le monde, jouit d’une santé parfaite.

Mais quelque chose qu’il faut maintenant mettre en relief et qui est curieux (j’en ai déjà dit un mot plus haut), c’est ce fait, que l’hystérie, discrète et rare relativement dans nos pays civilisés d’Europe, y est en quelque sorte à l’état sporadique. Bien que l’on puisse hardiment affirmer que rien n’est plus innombrable, incalculable que la quantité toujours croissante d’hystériques faits ou en puissance, ayant donc eu ou pouvant avoir des crises et être hypnotisés, il est rare d’assister dans nos pays à des phénomènes extraordinaires ; il n’en est pas de même ailleurs. Il semble que plus on se rapproche de l’état de barbarie, et plus la névrose ait d’action et de violence.

Depuis la bamboula du nègre, jusqu’à la cérémonie du char de Djagghernaath de l’Indien, en passant par les derviches tourneurs et hurleurs, il va nous être facile de trouver maintenant l’hystérie dans sa plus violente expansion, de montrer son action, son intervention, et d’expliquer par elle bien des faits qui ont paru et paraissent encore supranaturels à quelques-uns. Prenons la bamboula du nègre, tout d’abord.

Nous voici, par exemple, au Dahomey. La nuit est venue, après une journée torride ; le soleil, le travail et l’alcool, ont surexcité, chacun de son côté, le système nerveux du nègre de la côte : au lieu de se livrer au repos dont il aurait grand besoin, il va encore se surexciter davantage par des fêtes où la danse et l’alcool rempliront les rôles principaux.

Voici tout le village silencieusement accroupi en rond, hors des cases, sur la plage. Un millier de personnes environ sont là. Tout est calme d’abord ; là-bas, seulement, la mer s’entend, dont le bruissement monotone et triste remplit l’esprit d’une vague langueur. Toutes ces faces noires