Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/686

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jusqu’à ses phénomènes les plus monstrueux, qui, aux yeux du vulgaire, ont longtemps passé, et qui passent encore, aux yeux de bien des gens, pour des phénomènes surnaturels. Mais mon lecteur, désormais, ne s’y trompera plus, s’il est de ceux dont le jugement a quelquefois hésité. Je lui ai donné la clef de l’hystérie, depuis la simple contracture passagère jusqu’au suicide somnambulique ; il sait, à ne pas se méprendre, en quoi consiste l’hypnose et la suggestion.

Je le répète donc, ces données et cet aperçu, cette étude d’ensemble qui n’a pas encore été faite, du moins à ma connaissance, sur la grande névrose, lui étaient absolument indispensables pour comprendre et séparer tout cas naturel, même extraordinaire, des manifestations sataniques résultant de l’intervention directe du diable, c’est-à-dire pour établir nettement dans son esprit la différence absolue qui existe entre les hystériques et les démoniaques.

Il sait à présent jusqu’à quelle extrême limite va le naturel ; il sent que l’hystérie ne peut raisonnablement être confondue avec la possession, à laquelle nous arrivons, que nous allons étudier minutieusement de même, dans un instant — tout en réservant, ainsi que je l’ai annoncé en donnant le plan de mon ouvrage, un chapitre spécial relatif à la possession à l’état latent, dont le type le plus caractéristique que j’aie rencontré est Mlle Walder, dite Sophia-Sapho.

S’il y a dans tout ce que nous venons de voir quelque chose ne provenant pas de la nature, telle que Dieu l’a créée, c’est cet affreux détraquement, cette effroyable maladie de l’hystérie elle-même. L’Écriture Sainte nous enseigne, en effet, que Satan a le pouvoir de causer des maladies. Or, qui peut avoir imaginé un tel bouleversement des organes, qui peut avoir suscité, déchaîné un pareil fléau, si ce n’est le grand ennemi de l’humanité ?

Dieu avait créé l’humanité parfaitement saine. Dans la vie de nos premiers parents au paradis terrestre, les maladies n’existaient pas, ne pouvaient se produire. Une des conséquences de la faute d’Adam et Ève fut de les livrer, ainsi que leur descendance, aux maux corporels ; Satan, qui n’avait eu jusqu’alors que le droit de tentation, à lui laissé par Dieu pour mettre l’humanité naissante à l’épreuve, Satan eut, dès le péché originel, la permission de troubler, de faire souffrir le misérable corps humain, cette enveloppe matérielle de l’âme qui avait un moment oublié les devoirs de sa céleste origine. Aussi, Satan, qui déteste au plus haut point l’homme que Dieu avait créé à son image, l’homme que Dieu a destiné à ce ciel d’où lui, archange déchu, a été à jamais banni, l’homme en qui Dieu, dans son infinie miséricorde pour sa créature, avait, preuve suprême d’un éternel amour, résolu de s’incarner, par un ineffable mys-