Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/687

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tère de tendresse toute-puissante, aussi Satan, dis-je, ne s’est-il point fait faute d’exercer sa rage infernale contre l’humanité.

Donc, les maladies sont le fait de la haine du diable ; la religion nous le dit, et nous devons le croire. De tout temps, les saints, c’est-à-dire les hommes les plus dignes de Dieu, ceux qui savent marcher et se maintenir dans les voies de la perfection, ont chassé les démons pour expulser les maladies ; aujourd’hui encore, on fait des neuvaines, on brûle des cierges devant les autels de la Vierge et des saints, pour obtenir sa propre guérison ou celle d’une personne chère. Ce sont là des pratiques de piété recommandées par l’Église ; car le malade est une personne sur qui Dieu, soit dans un but d’épreuve, soit par punition, a laissé au diable la faculté d’exercer sa malice haineuse.

Pour subir la peine des péchés, il peut donc arriver que l’on ait à souffrir en ce monde, par les maladies : c’est alors une heureuse fortune pour le pécheur qui, tout en ayant failli, n’a point cependant sombré dans l’abîme de l’incrédulité, qui a su sauvegarder sa foi ; il prend ainsi ses douleurs en patience, il les accepte avec joie même ; il fait, selon le terme naïf et populaire, son purgatoire sur terre.

Mais, si Satan, auteur du mal sous toutes ses formes, est ainsi le fomentateur des maladies, si particulièrement l’affreuse hystérie est en quelque sorte surnaturelle dans son origine générale, il n’en est pas moins vrai que cette maladie, comme les autres, est naturelle dans ses faits, dans ses résultats, dans ses conséquences, dans toutes ses manifestations.

Où le surnaturel entre carrément en jeu, c’est lorsque l’individu, hystérique ou non, accomplit des actes qui sortent du domaine humain.

Ainsi, lorsque le derviche, pivotant sur lui-même, tourne pendant quatre, cinq, dix heures ; lorsque l’indien fanatique fait broyer sa tête sous la roue du char de Djagghernaath ; lorsque le fakir s’hypnotise sans le concours d’aucun hypnotiseur et entre en catalepsie totale, en abiose même, c’est là à la rigueur l’extrême limite du naturel, c’est là une chose humainement possible, la science le démontre et le prouve, sans avoir besoin de chercher à se mettre en contradiction avec la religion.

Mais, si le derviche, en tournant, cesse de toucher terre et s’élève dans l’espace, s’il y plane manifestement, sans appui, sans soutien, comme si son corps matériel avait perdu tout poids et était devenu aérien, comme il est arrivé à Simon le Mage de le faire, comme le fait de nos jours la Ingersoll (de Saint-Louis, aux États-Unis) ; si l’indien bouddhiste, après avoir en sa tête broyée, se relève, va se promener et continue à vivre, ne serait-ce qu’un mois ou deux ; si le fakir est hypnotisé par une idole de bois ou de métal, que les personnes assistant à cette scène entendent