Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/702

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gatoires curieux, surtout au sujet des choses futures et cachées qui n’ont pas trait à son œuvre ; mais il ordonnera à l’esprit immonde de se taire, et de ne répondre que quand et à ce pourquoi on l’interroge. Qu’il se défie surtout, si le démon prétend être l’âme de quelque saint, d’un défunt, ou l’ange gardien du possédé.

« Les interrogatoires nécessaires doivent porter sur le nombre et le nom des diables assaillants, sur le temps depuis lequel et la façon dont ils sont entrés dans le corps du possédé et de la cause de leur entrée. L’exorciste empêchera toutes les autres réponses plaisantes, badines ou ineptes des démons ; il leur opposera le mépris absolu, et il préviendra les assistants, très peu nombreux d’ailleurs, de n’en avoir cure, de ne pas interroger eux-mêmes le possédé, mais de passer leur temps à prier avec humilité, foi et ardeur.

« Les exorcismes seront faits et lus avec autorité et force, avec la plus grande confiance, la plus grande ferveur et humilité, et d’autant plus répétés et plus rapprochés, que l’exorciste verra les démons en être plus furieux et plus tourmentés ; et toutes les fois qu’il verra le possédé se contorsionner en une partie de son corps, ou s’y frapper, ou une tumeur y apparaître, il y fera le signe de la croix et l’arrosera d’eau bénite, qu’en tous cas il aura toujours à portée de sa main.

« L’exorciste remarquera aussi quelles sont les paroles qui humilient davantage les démons, celles qu’ils redoutent le plus de façon à les répéter le plus souvent ; et, quand il sera arrivé à la phrase comminatoire, qu’il la répète à satiété, de façon à constamment augmenter les tourments qu’ils endurent ; et, enfin, s’il les voit prêts à se sauver, qu’il persévère dans son exorcisme deux, trois, quatre heures et même davantage, sans repos ni trêve, jusqu’à ce que victoire s’ensuive.

« L’exorciste se gardera de faire prendre ni de conseiller au possédé aucune médecine ni aucun traitement.

« En exorcisant une femme, il aura soin d’être entouré de personnes honnêtes, qui maintiennent la possédée pendant que le démon s’y démène ; que ces personnes soient patientes, des parents (si possible) de la possédée ; précautions nécessaires, indispensables, pour que rien ne se dise ou ne se fasse qui soit ou puisse être, pour l’exorciste ou ceux qui l’entourent, une occasion de mauvaises pensées.

« Pour l’exorcisme, le prêtre se servira surtout des paroles sacrées, de préférence à ses propres phrases ou à celles qui lui auront été suggérées par d’autres ; et il ordonnera au démon de dire s’il est retenu dans ce corps à la suite de quelque opération magique ou par maléfice, et que, s’il est renfermé dans une substance que le possédé aurait avalée par mégarde, il la vomisse aussitôt ; de même, s’il est renfermé dans des objets