Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/734

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et le diable seuls le savent ; et si par impossible cette âme a échappé à Satan, celui-ci, furieux et confus, se garde bien de venir proclamer sa défaite, ou, lorsqu’il l’a avouée (cela s’est vu quelquefois), c’est que Dieu l’y a contraint et forcé, afin que notre pauvre humanité sache combien sa miséricorde est infinie.

Dans le cas de pacte avec le diable, l’obsédé se lie, c’est vrai ; mais il ne perd pas pour cela son libre arbitre. Il lui sera, sans doute, extrêmement difficile de se délier, s’étant mis entre les griffes d’un pareil tyran ; néanmoins, il le peut quand même, envers et contre l’autre signataire du traité infernal. Albert Pike, dont on ne saura jamais tous les pactes avec Satan et ses démons, Albert Pike lui-même aurait pu se convertir.

Quand j’en serai au chapitre de la Possession, je montrerai une démoniaque, nommée Barbe Bilger, aussi avancée dans le luciférianisme des Old-Fellows que Sophie Walder dans celui des Palladistes, une femme qui a joué, il n’y a pas longtemps, un rôle d’une importance considérable dans la haute maçonnerie universelle, qui presque quotidiennement était en rapports directs avec Satan en personne, qui connaît tous les mystères diaboliques de la persécution contre l’Église en ces temps derniers, qui est à même de dévoiler tous les secrets infernaux de la perpétration du Kulturkampf, — et, je le dis en passant, je mets au défi M. le prince de Bismarck de la contredire, si elle parle ; car, lui, Bismarck, a reçu les ordres de Lucifer, évoqué à sa demande par la sœur Barbe et son inspirateur sataniste, en présence, par conséquent, de la dite Barbe Bilger et d’autres témoins. — Eh bien, cette femme a su, dans un éclair de grâce, reconquérir la liberté de son âme, s’affranchir de la tyrannie personnelle de Satan. Elle est vivante et bien vivante, malgré tous les efforts de la rage des sectaires qu’elle a abandonnés. Elle a su échapper à leurs recherches. Elle est aujourd’hui dans une retraite, que je me garderai bien de faire connaître au cours d’une publication ; mes lecteurs approuveront ma discrétion prudente. Mais, comme je n’avance rien qui ne soit rigoureusement vrai, je me hâte de dire que, grâce à un incident providentiel dont mes révélations ont été la cause, et grâce sur tout au zèle intelligent d’un vénérable dignitaire ecclésiastique qui a bien voulu me faire l’honneur de s’unir à moi en cette occasion, aujourd’hui la trace de Barbe Bilger a été retrouvée, mais pour les chefs de l’Église seuls ; aujourd’hui l’identité de cette haute maçonne luciférienne est établie, sa conversion réelle et sincère, constatée ; aujourd’hui, elle a déjà été interrogée par des pères jésuites, par des chanoines, c’est-à-dire par des hommes sûrs et expérimentés, qui, si Lemmi et ses agents osaient nier, déclareraient, sans révéler la retraite de la Sophia des Old-Fel-