Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/772

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« Il faut donc reconnaître que l’homme ne présente pas de différence radicale avec ses plus proches voisins, les singes anthropoïdes. Anatomiquement, ce sont les mêmes organes construits et disposés de la même façon, et ne s’écartant que par des nuances secondaires ; les pieds, les mains, la colonne vertébrale, le thorax, le bassin, les organes des sens, tout est configuré de même. »

Puis, serrant de plus près la question, la démonstration de ce qui est son vrai but, c’est-à-dire la descendance directe de l’homme du singe, elle se livre au petit casse-tête suivant :

Quel que soit son passé, l’homme se présente à nous actuellement comme formant un groupe zoologique nettement défini et circonscrit, auquel il convient de donner un titre dans la classification. Quel sera-t-il ?

À l’occasion de chaque caractère anatomique que nous avons étudié, nous avons été conduit à admettre l’existence de types particuliers à chaque division ou subdivision zoologique. D’abord, un type général propre à tous les mammifères, c’est-à-dire un ensemble de caractères communs tout à la fois à l’homme et aux quadrupèdes, qui les réunit en les distinguant collectivement d’avec les oiseaux et les reptiles, comme s’ils avaient été tous fondus dans un même moule et que la diversité soit survenue après. Puis, un type commun à tous les singes et dans lequel l’homme rentre infiniment plus qu’il ne rentre dans celui des carnassiers et des ruminants. Enfin, dans ce groupe des singes, une suite de sous-types dissemblables : d’abord, celui des lémuriens, peu homogène, mal délimité et donnant la main d’une part à certains chéiroptères et insectivores, et de l’autre à quelques espèces des cébiens ou singes du nouveau continent, c’est-à-dire au second type, bien mieux arrêté et déjà plus perfectionné ; puis, un troisième type, celui des pithéciens ou singes de l’ancien continent, se détachant nettement du second et dans lequel les traits particuliers de ressemblance avec l’homme s’accusent davantage.

Jusque-là, les trois types simiens se succèdent régulièrement en formant une gradation continue. Mais, après le troisième, un saut s’opère : les pithéciens ont moins de ressemblance avec les anthropoïdes qu’ils n’en ont avec les cébiens. Le type général des anthropoïdes est, en effet, tout différent et très accusé ; mais c’est avec celui des hommes qu’il présente le plus d’analogie ; tel caractère, semblable chez les singes des trois groupes inférieurs et chez les quadrupèdes, est différent chez l’anthropoïde et y revêt la physionomie qu’il présente chez l’homme. En un mot, le type des caractères change, en passant des pithéciens aux anthropoïdes ; leur degré ou leur quantité seule varie, en passant des anthropoïdes aux hommes.