Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/883

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qu’il se fit en le convertissait. L’exorciste pressa alors ce démon de sortir de la possédée. Il répondit en se tournant vers le conseiller, et le montrant au doigt : « Que sais-tu si je ne reste pas ici pour convertir cet homme ? » On fit donc approcher M. de Quériolet, ce qui lui donna lieu de faire trois questions au démon. La première : qui l’avait garanti d’un coup de tonnerre qui était tombé, il y avait quinze mois, auprès de son lit ? Il répondit : « Sans la Sainte Vierge et le Chérubin, ton ange gardien, je t’aurais emporté. » La seconde question fut : Qui l’avait préservé d’un coup qu’on avait tiré sur lui et qui avait brûlé son pourpoint ? « Il n’avait garde, dit le démon, de te blesser ; ton chérubin te gardait. » Il lui demanda en troisième lieu ce qui l’avait fait sortir de chez les chartreux ? Le démon eut beaucoup de peine à répondre à cette demande ; mais enfin, étant pressé, il dit : « C’est à cause de telles et telles impuretés ; et Dieu ne voulait pas qu’un homme si impur restât dans une si sainte maison. »

Ces révélations frappèrent tellement M. de Quériolet, qu’il se convertit sur le champ et mena depuis la vie d’un saint.

Nous avons vu plus haut que le père Surin fut spécialement chargé d’exorciser les démons qui possédaient la supérieure, sœur Jeanne des Anges. Le père s’étend avec le plus grand détail sur la méthode et les procédés d’exorcisme qu’il employa pour les combattre et les expulser du corps de la possédée. Cette méthode, tout intérieure et d’union intime et constante avec Dieu, se distinguait des procédés antérieurs jusqu’alors employés, que le révérend père considérait comme trop peu sérieux, et aboutissant souvent à des insuccès fâcheux dont triomphaient les démons. Il en donne pour exemple l’expulsion de Zabulon.

« À peine étais-je arrivé à Loudun, raconte-t-il, qu’on me fit fête de ce que le démon Zabulon, qui possédait la sœur Claire, avait promis de sortir le jour de Noël, lorsque le père Lactance, sous l’autorité Mgr de Poitiers, l’interrogeait comme tous les autres démons, selon le Rituel, sur le jour et l’heure de sa sortie ; et pour signe, qu’il écrirait sur le front de cette fille le nom de Jésus. L’exorciste reçut cette nouvelle avec un peu trop d’avidité. Tous les autres démons promirent des merveilles. L’un en sortant devait emporter la chaire du ministre sur le haut de la tour du château ; l’autre devait emporter la calotte de M. de Laubardemont. Ces promesses flattaient la curiosité de tout le monde, et cela fut mandé à Poitiers ; en sorte que l’évêque de Nîmes étant sur le point de s’en retourner, le cardinal de Richelieu le pria de passer par Loudun, pour s’informer de ce qui s’y passait. Il se pressa fort, afin d’être présent à la sortie de ce furieux démon, et arriva la veille de Noël. Mais on interrogea les démons de la mère-prieure, qui étaient les plus impor-