Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/916

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différents tissus où il s’est installé et où il prospère. Ces lésions sont les tubercules, qui peuvent être nombreux ou rares, confluents ou discrets ou « pleuvoir » en quelque sorte dans un tissu.

Toujours, le tubercule : ou subit la dégénérescence crétacée, c’est-à-dire se durcit, et alors c’est la guérison ; ou bien se ramollit, tombe en putrilage, laisse à sa place, en s’éliminant, un trou, une caverne, qui, elle aussi, peut se cicatriser, et alors encore c’est la guérison. Mais, pour que cette guérison puisse s’effectuer, il faut que les tubercules crétacés ou les cavernes cicatrisées n’aient pas été ou ne soient pas en assez grand nombre pour envahir totalement l’organe malade, en adultérant définitivement ses tissus et, partant, ses fonctions. Cela se conçoit sans peine : une feuille de papier, pleine de nœuds en reliefs, de callosités, ou criblés de trous, n’est plus une feuille de papier et ne peut en remplir les fonctions. Cela revient à dire que la guérison n’est pas possible, si cette guérison est la mort, c’est-à-dire si la cessation de la maladie ne s’obtient qu’au détriment de l’organe, ou encore que la guérison est impossible lorsque l’organe tuberculeux est de nature si sensible, est si indispensable à l’économie dans son fonctionnement intégral, que la moindre atteinte qui y est portée amène la mort.

Or, précisément, c’est là le cas des méninges. Intimement liées au cerveau qu’elles recouvrent et protègent, la moindre de leurs inflammations, la moindre lésion bacillaire dont elles sont le siège se répercute aussitôt sur le cerveau, et c’est la mort. La présence seule du tubercule, l’inflammation, dont il est le centre, suffit, et la marche de la maladie vers l’issue fatale est tellement rapide, tellement foudroyante, lorsqu’il y a confluence, que la mort arrive bien avant la cavernisation, qui elle-même, en tout cas, serait la mort bien plus évidemment.

Méningite est donc, on le voit, et fatalement, synonyme de mort ; cela parce que, tandis que les poumons, le foie, peuvent à la rigueur fonctionner et sont compatibles avec l’existence, même partiellement malades ou immobilisés fonctionnellement, et ne sont pas des éléments absolument « nobles », dans le sens strict du mot, les méninges, au contraire, ne supportent pas la moindre altération toxique ou septique, telle que la bacillaire, par exemple, c’est-à-dire pas la moindre altération de la nature de celles qui permettent l’inflammation.

Méningite, carreau, tumeurs blanches, enfin phthisie pulmonaire, c’est-à-dire tuberculisation cérébrale, abdominale, osseuse et pulmonaire, telles sont les grandes formes essentielles des maladies les plus communes à l’enfance, occasionnées par la tuberculose consécutive à la pénétration dans l’économie du bacille de Koch, et qui tuent ou dont l’enfant guérit avec ou sans estropiation consécutive, suivant l’impor-