Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/101

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Croire ! cela donne pitié pour soi-même et pour toute l’humanité. Avec la foi dans le cœur, ce que l’on hait, c’est l’orgueilleux Maudit et ses infernaux complices, les déchus du ciel.

Oh ! avoir été ange, et, ange, avoir commis le péché, c’est affreux !… Non, il n’est pas de plus grande culpabilité… Je comprends maintenant la profondeur d’une telle déchéance. À toi, l’abîme éternel, ô Satan ! tu l’as bien mérité.

C’est lui qui pousse aux sacrilèges ; c’est lui, le premier coupable de tous les crimes. L’un des plus épouvantables qui aient été commis à ma connaissance, c’est le monstrueux forfait auquel je fis allusion dans le numéro 3 du Palladium Régénéré et Libre ; cette allusion n’a pas peu contribué à exciter les colères contre moi.

Je promis de raconter l’horrible assassinat. Mais pourquoi les FF ▽ du Grand Triangle Melekh-Hadour, d’Édimbourg, ont-ils reproché à leur secrétaire de me l’avoir rappelé ? Voilà encore un exemple de la lâcheté humaine. Ce Triangle m’avait voté des félicitations pour ma propagande publique, et son secrétaire, rédigeant la voûte, y inséra quelques mots au sujet de ce crime de Londres. Ma conversion a bouleversé le Triangle écossais, où j’avais jusqu’alors des amis ; on est revenu alors sur le vote, on a fait un grief au F ▽ secrétaire de ses trois dernières lignes. On a dit que c’était de son initiative personnelle qu’il avait écrit ceci :

« Le Triangle rappelle le fait lamentable de certain groupe de Londres, où fut assassinée, en 1891, une Chevalière Élue qui, admise à l’initiation supérieure, refusa de transpercer un pain eucharistique. »

Je reproduisis ces lignes et les fis suivre de ma promesse. Le F ▽ secrétaire, incriminé, n’a pas voulu entrer en discussion avec le Triangle qui revenait sur ses premiers sentiments à mon égard. Il a donné sa démission, paraît-il, et a quitté Édimbourg. A-t-il réussi à échapper aux ultionnistes ? ou bien a-t-il eu, dans le mystère, le sort de Luigi Ferrari ? Je n’ai eu de lui aucune nouvelle ; je souhaite que, comme moi, il se soit mis à l’abri, et surtout, s’il vit encore, je lui souhaite la lumière du seul vrai Dieu.

Dans le dernier jour de ma neuvaine eucharistique, j’ai été hantée par le souvenir de l’épouvantable crime de Londres.

J’avais promis de parler. Racontons ; il le faut.

La victime est une jeune institutrice, placée dans une famille anglaise. Elle avait été gagnée, d’abord, à la Maçonnerie d’Adoption ; puis, plusieurs présumèrent qu’on pouvait lui donner l’initiation palladique.