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La première Diana Vaughan n’a pas d’autre histoire que celle consignée dans le testament de mon bisaïeul James ; ce qui a été dit d’elle en d’autres récits ou conférences de Triangles ne repose que sur des traditions, invérifiées. J’y reviendrai.

Quoiqu’il en soit, il importe surtout de fixer la part qui appartient vraiment à Elias Ashmole dans la composition des trois grades symboliques, base de toute maçonnerie ; c’est là ce qui intéresse. Le grade de Compagnon fut composé en 1648, et à cette époque-là Philalèthe était en Amérique ; mais j’ai dit qu’Ashmole travailla sur les données que lui avait laissées Thomas Vaughan, et je le maintiens.

C’est sur la fin de cette année que mon ancêtre revint en Angleterre, d’où il dirigea dès lors la Fraternité de la Rose-Croix ; car une lettre de Valentin Andreæ, datée de Bebenhausen, du 15 décembre 1650, et conservée aux archives du Souverain Conseil Patriarcal de Hambourg, constate qu’il avait donné pleins pouvoirs à Philalèthe. Cette lettre, d’une haute valeur historique, établit que le chapelain du duc de Brunswick-Wolfenbüttel savait Thomas Vaughan élu son successeur par Lucifer lui-même ; pour cela, il lui reconnaissait la plus grande autorité après lui dans la Fraternité. Il est indiqué aussi par cette lettre qu’en 1649 Philalèthe confia, avec le consentement de Valentin, une mission à l’Italien Francesco Borri. Nous en reparlerons, au sujet de la Divine Eucharistie.

J’ai hâte de démontrer que Thomas Vaughan, et non Elias Ashmole, est le véritable auteur du grade de Maître, le plus important degré symbolique de la Franc-Maçonnerie.

Le grade de Maître fut composé en 1649. Thomas Vaughan avait alors trente-sept ans, et Ashmole trente-deux.

    puis, ces autres de Saint-Pierre dans la Ière épître canonique : « Qu’elles se gardent de la recherche extérieure dans la chevelure, les joyaux d’or et les vêtements. » Ces paroles, tombant dans le casier de Diane comme dans une terre préparée de longue main, y jetèrent de profondes racines et y produisirent sur le champ des fruits parfaits. Sans délai, docile aux mouvements de l’Esprit-Saint, elle se défit de ses plus beaux habits, de ses rubans, de ses pierreries, et d’autres ornements semblables dont les dames du monde font tant de cas. Et, pour que la transformation de l’âme correspondît à ce changement extérieur, elle vint demander à Réginald ses conseils, docile comme un agneau. Elle put ainsi admirer de près le genre de vie des Frères et se sentit portée à l’imiter. Elle était changée ; elle avait compris la malice du monde, le danger de ses usages, le devoir de le fouler aux pieds sans respect humain, le triste état d’un cœur qui, sans commettre de grandes fautes, vit habituellement en dehors de Dieu. » (Vie de la Bienheureuse Diana d’Andalo, fondatrice du couvent de Sainte-Agnès de l’Ordre des Frères-Prêcheurs à Bologne, par, le P. Fr. Hyacinthe Marie Cormier. Rome, Imprimerie de la Propagande ; 1892).