Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/259

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— Murs, soyez resplendissants des joyaux de la terre !… Or le plus pur, forme-toi en trône superbe pour Notre Seigneur Lucifer !… Nuées, assemblez-vous, parfumées, et soutenez ce trône !… Je désire deux trônes encore pour les bienaimés saints Baal-Zeboub et Astaroth… Et que disparaisse tout ce qui fut produit par la main des hommes et qui se trouve à cet orient !… Image du Palladium, toi-même, éclipse-toi, pendant que Notre Seigneur est parmi nous !…

À ma voix, l’orient change d’aspect : les murailles se tapissent de diamants, d’émeraudes, de rubis et des plus belles pierres précieuses ; une nuée remplace l’estrade, et sur cette nuée, qui répand un délicieux arôme dans la salle, voici trois trônes d’or, dont le plus magnifique, au milieu, est pour Lucifer… Et voici le Roi du Feu et ses deux premiers daimons qui prennent place ; le Baphomet a disparu ; moi, je me sens portée par des esprits invisibles, qui m’entraînent à l’autre extrémité de la salle, à peu de distance de la porte d’entrée ; deux sièges d’argent ont surgi ; je suis assise sur l’un, et le grand-maître sur l’autre.

— Ma fille chérie Diana, dit alors le Dieu-Bon, tu m’as appelé, et je suis venu… Je sais que tu désires voir la flèche de fer écrire le récit du transport de ton ancêtre, mon élu Philalèthe, en mon royaume éternel… Diana, je ne te refuserai aucune satisfaction.

Encouragée par ces bonnes paroles, je m’enhardis à formuler une demande :

— Seigneur Tout-Puissant, accordez-moi de voir mon ancêtre Philalèthe, après que la flèche de fer aura écrit.

Lucifer, de sourire :

— Il sera fait, enfant bienaimée, selon ton désir ; mais, seule, tu verras mon élu, le glorieux fondateur de ma chère Franc-Maçonnerie.

Puis, il ordonna d’aller chercher la flèche, et, tandis qu’un Frère désigné par le grand-maître remplissait cette mission, le Dieu-Bon harangua l’assemblée, selon sa coutume.

Il n’avait pas sa voix terrible des jours de colère. Il nous dit mille choses, en insistant sur les événements de France et se déclarant réjoui de tout ce qui se préparait en ce pays. Cela nous intéressait fort, et moi plus que les autres, puisque je venais de séjourner à Paris, avant de me rendre en Italie et à Malte.

— Adonaï appelle la France la fille aînée de son Église, ainsi s’exprima Lucifer ; c’est pourquoi j’aime quiconque s’emploie à déchristianiser la France. J’ai eu un bon serviteur dans le dernier président ; il a travaillé sans bruit, mais avec zèle, tout en paraissant se désintéresser