Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sable jusqu’au mont Olympus ; les négroes affranchis sont devenus tout-à-fait embarrassants pour l’Union. Paresseux, débauchés, voleurs, insolents, ils n’ont pas été régénérés par l’émancipation : maintenant le problème est comment on pourra les faire émigrer en masse ; la question de l’exode noir est à l’ordre du jour de la politique nationale ; en Europe, on ignore cela. La fondation de la République de Liberia, en Afrique, n’a pas donné les résultats attendus ; les négroes ne veulent pas retourner à leur continent d’origine ; c’est trop loin.

J’écrivais ceci, il y a un an :

« Qui soupçonne en Europe les dessous de l’actuelle révolte cubaine ? Aux États-Unis, on en désire le succès : Cuba séparé de l’Espagne, c’est à Cuba que l’Union dégorgerait toute cette noire canaille qui encombre surtout les États du Sud. Au moins, on en finirait avec tous les conflits incessants qui perturbent la société et poussent trop souvent le peuple exaspéré à lyncher ; on n’aurait pas à déplorer les criminels attentats de cette engeance, toujours audacieuse dans son avilissement, attentats que les journaux cachent, dont personne ne connaît le nombre des victimes ; car le gouvernement est sans cesse sur la crainte d’un massacre et tend à provoquer l’émigration générale, afin d’éviter plus grand malheur. (Palladium, numéro du 20 avril 1895, page 26.)

Les évènements m’ont donné raison ; la vérité de ce que j’écrivais éclatera plus vive encore, quand tout sera terminé. Car, ne vous illusionnez pas, Espagnols : Cuba est bien perdue pour vous ; les États-Unis commencent à peine à montrer qu’ils ont un doigt dans l’affaire, mais la main y est tout entière, vous verrez, cela est arrêté depuis longtemps à Washington, pour les raisons que je viens d’indiquer, c’est-à-dire en vue du débarras des afro-américains, devenus insupportables dans l’Union.

Donc, la bande noire m’entourait et criait. Je n’avais pas de bijoux ; mais ils ignoraient peut-être que mon porte-monnaie s’était bien fort dégarni ; puis, ces brutes en voulaient autant à ma personne qu’à mon argent.

En défense légitime, je décharge mon revolver dans le tas. Trois tombent, avec des hurlements. Les autres sont davantage excités. Mon arme ne m’est plus de secours ; qu’importe ? je me débats et m’en sers en boxer. Mais, hélas je suis la plus faible. Les misérables me tiennent, se rendent maîtres de mes mouvements, me paralysent ; je sens leurs mains scélérates qui m’étreignent à me briser les os. Alors, mes forces m’abandonnent, et je pleure en défaillant.