Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Ricordi di un Trentatrè, elle ne me donna pas l’impression d’une physionomie connue. C’est dire si la connaissance avait été faite de façon vague, six ans auparavant !… Donc : le F ▽ Domenico Margiotta n’a jamais assisté à une tenue triangulaire où se trouvait la S ▽ Diana Vaughan ; à l’hôtel, le premier soir ou le second, M. Margiotta m’a fait, avec d’autres personnes, le plaisir d’accepter une tasse de thé. C’est tout.

Après l’élection frauduleuse de Lemmi, M. Margiotta m’a écrit à Londres, et ailleurs aussi, si j’ai bonne mémoire. Il a été un de mes correspondants, pendant la rébellion contre les scrutins du palais Borghèse. Il appartenait à la Fédération des Suprêmes Conseils écossais dissidents. Tout notre échange de lettres n’a trait qu’à la lutte contre Lemmi. Il m’a transmis la délibération du Suprême Conseil de Palerme, qui me nommait grande-maîtresse d’honneur de la Fédération dissidente. Je crois qu’il est un de ceux (lui ou Paolo Figlia) à qui j’envoyai alors, de Florence, l’avis de ma démission, à la suite de l’acceptation du compromis Findel. Voilà nos premières correspondances.

Quand il prépara son volume Adriano Lemmi, un de nos amis communs, que je connaissais plus particulièrement, me sollicita pour lui obtenir la communication de quelques documents ; cet ami en avait déjà recueilli plusieurs, et non les moins importants. C’est en parcourant les épreuves, qu’on me fit tenir, que j’appris la conversion de M. Margiotta. Le manuscrit des passages me concernant me fut soumis, toujours par intermédiaires ; car déjà une grande prudence était de première nécessité. Je fis des observations sur l’exagération de certains éloges qui me déplaisaient ; je raturai et annotai en divers endroits le manuscrit de M. Margiotta ; mais alors il était pris d’un bel enthousiasme non seulement pour mon caractère, mais aussi pour ma personne ; des passages, que je biffai, étaient de véritables déclarations. Une vieille dame, protestante, de mes amies, en lisant cette prose enflammée, me dit : « Petite, il souhaite ta conversion, afin de te demander en mariage. » Tout ceci me fit assez rire.

Le volume parut. Goblet d’Alviella partit en guerre contre M. Margiotta et nia, avec un aplomb superbe, le Palladisme, dont il est grand-maître provincial et l’un des membres du Sérénissime Grand Collège. C’est alors que M. Margiotta lui porta, à mon instigation, le fameux triple défi, sanctionné par l’offre d’un dépôt de 30.000 francs. Un jury d’honneur devait examiner les preuves pour ou contre à produire de part et d’autre. Je fis savoir à M. Margiotta que les 30.000 fr. représentant son enjeu seraient immédiatement à sa disposition, si Goblet d’Alviella acceptait l’épreuve, et je lui promis d’être avec lui à