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catholiques de Rome, les antimaçons italiens avaient donné le bon exemple, avaient multiplié dans la péninsule les comités de résistance à la secte, et, encouragés par Léon XIII, ils conviaient le monde chrétien tout entier au premier Congrès antimaçonnique international.

Ah ! ce Congrès !… Longtemps les Loges avaient cru qu’il n’aurait pas lieu ; quelques renvois d’une époque à une autre avaient laissé au Maudit l’espoir que ce projet, datant de juillet 1895, serait finalement abandonné. « Tout se passera en paroles, croyait-on dans les Suprêmes Conseils ; les catholiques ne se décideront jamais à en venir à l’action. »

Or, voici que tout à coup la convocation définitive parut. La ville choisie était Trente, la cité du grand Concile tenu contre l’hérésie des diverses sectes protestantes, et la Maçonnerie est fille du protestantisme socinien !

À Trente ! à Trente ! clamèrent les voix des catholiques, réveillés, secoués de leur torpeur. Et les Loges apprirent ainsi soudain que tout était prêt ; que S. A. le Prince Evêque de Trente avait accepté avec joie l’honneur de présider ces grandes assises de la nouvelle Croisade ; que la bonne et chrétienne ville du Bas-Tyrol se faisait une fête d’accueillir les congressistes ; et que S. M. l’Empereur d’Autriche avait accordé toutes les autorisations nécessaires.

Cette convocation du Congrès de Trente fut un coup de foudre pour la secte. Avant que le F ▽ Nathan poussât ses hurlements de rage, le F ▽ Findel, de Leipsig, publia avec éclat sa brochure ; car c’est là le premier fait que je prie le lecteur de constater, la brochure Findel a suivi presque immédiatement la convocation définitive du Congrès. Le haut-maçon de Leipsig se levait ainsi brusquement, sortait de son silence de plusieurs années en apparence, il répondait aux accusations dont il était l’objet depuis plus de trois ans ; en réalité, il répondait au cri de guerre des antimaçons de Rome.

C’est à ce moment aussi que je publiai Le 33e∴ Crispi. Toutes les personnes qui connaissent à fond la question maçonnique ont été unanimes à déclarer que cet ouvrage est le réquisitoire le plus écrasant qui ait jamais paru contre la secte.

À peine le volume était-il parvenu au Vatican, que je recevais de l’un des secrétaires particuliers de Sa Sainteté une lettre dont j’ai cité ce passage :

« Continuez, Mademoiselle, continuez à écrire et à démasquer l’inique secte ! La Providence a permis, pour cela même, que vous lui ayez appartenu pendant si longtemps. »

Faisant allusion aux faux bruits semés sur mon identité par M. Margiotta et à la négation même de mon existence, émise par quelques autres lecteurs des élucubrations de Moïse Lid-Nazareth, mon éminent correspondant continuait ainsi :

« De beaucoup il y a calomnie sur votre existence et votre identité. Je crois que c’est là un artifice de la secte, pour ôter du poids à vos écrits. J’ose cependant vous soumettre mon avis, que, dans l’intérêt du bien des âmes, vous veuillez, de la même manière que vous croirez, écarter toute ombre de cela. »

La lettre se terminait en ces termes :

« Je me recommande de tout cœur à vos prières, et avec une parfaite estime je me déclare votre tout dévoué. »

On me laissait donc juge du moyen à employer pour réduire à néant les