Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dale. M. le docteur Cardauns, rédacteur en chef de la Volkszeitung, ne démentira pas ceci, et ceci est un fait, un fait des plus significatifs.

Et la Volkszeitung, dont la direction ne pouvait ignorer la préméditation d’une discussion passionnée à Trente, préféra publier la lettre du docteur Bataille après le Congrès plutôt qu’avant.

La Volkszeitung, journal catholique, n’a pas dit un mot du séjour du docteur Bataille à Cologne ; et quand, plus tard, elle a publié la lettre promise, elle l’a donnée comme si le docteur Bataille lui était un inconnu ! comme s’il avait répondu purement et simplement à l’article sensationnel du octobre, en ayant eu connaissance tout à coup et par hasard !

Si la gazette prussienne avait été mue par le seul et pur désir d’éclairer sincèrement les catholiques, est-ce qu’elle aurait joué cette comédie ? est-ce qu’elle n’aurait pas, au contraire, en toute loyauté, déployé ses cartes sur la table et dit franchement : « Le docteur Bataille vient d’arriver à Cologne, et voici la déclaration qu’il nous a faite à l’instant même ! »

La Volkszeitung n’a pas agi ainsi, parce qu’il entrait dans les plans de la Franc-Maçonnerie de provoquer et d’obtenir, avant tout, une séance quasi-publique destinée à faire retentir dans le monde entier les négations de Findel, et parce que la Volkszeitung, tout au moins en cette circonstance, a été complice de la secte, a été sciemment l’auxiliaire de Findel.

Enfin, n’oublions pas que le Grand Orient de France s’était chargé des frais de la suprême manœuvre. Il avait donc le plus direct intérêt à surveiller de près les opérations. Un de ses délégués, orateur de la Loge l’Avant-Garde Maçonnique, fut chargé de se rendre à Trente ; ce n’était pas, évidemment, pour, passer ses journées à l’hôtel et y lire, dans les journaux de la ville, les comptes rendus du Congrès ; autant eût valu prendre un abonnement à ces journaux, au nombre de deux, et les recevoir à Paris pendant cette période, il fallait voir du plus près possible, c’est-à-dire au sein même du Congrès, ce qui s’y passerait. Notons que tes congressistes français furent peu nombreux. Les noms m’ont été communiqués : M. le chanoine Mustel, directeur de la Revue Catholique de Coutances ; M. l’abbé de Bessonies, secrétaire du Comité national français de l’Union Antimaçonnique ; le R. P. Octave, directeur de la Franc-Maçonnerie démasquée, de Paris ; le R. P. Lazare, rédacteur de la Croix de Paris ; M. le chanoine Pillet, doyen de la Faculté de théologie de Lille et correspondant de t’Univers, de Paris ; M. Fromm, rédacteur de la Vérité de Paris ; M. l’abbé Josepff, représentant l’Anti-Maçon, de Paris ; M. Léo Taxil, représentant la Revue Mensuelle, de Paris ; M. Laurent Billiet, représentant la France Libre, de Lyon ; M. l’abbé Vallée, prêtre de Tours ; MM. Doal, Douvrain et Gennevoise, trois étudiants de l’Université catholique de Lille, venus avec M. le chanoine Pillet. En tout treize. Le F. orateur de la Loge l’Avant-Garde Maçonnique ne s’est donc pas glissé dans le Congrès au moyen d’une carte frauduleuse obtenue du Comité national français de l’Union Antimaçonnique. Ce fait essentiel méritait d’être établi. Or, le délégué du Grand Orient de France a assisté aux séances du Congrès, séances de la IVe section et assemblées générales, et il en a fait le compte rendu à son retour au principal temple de l’hôtel de la rue Cadet. Cet autre fait est acquis, sans contestation possible.