Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et voici les journaux libéraux, dont le libéralisme est un masque qui cache un maçonnisme honteux, les voici qui entrent en campagne, donnant de la séance du 29 septembre les comptes rendus les plus mensongers. Et la Volszeitung, de Cologne, s’appuyant triomphalement sur ces mensonges. représente comme un vainqueur son compère le docteur Gratzfeld ; il n’avait pas vaincu à Trente, certes ! mais il méritait bien ces félicitations.

Alors, la Volszeitung publia le grand article « Miss Diana Vaughan sous sa véritable forme », dans son numéro du 13 octobre ; il tient toute la première page, moins les trois quarts de la dernière colonne. Là sont accumulés les plus énormes mensonges, audacieux, mais habiles, bien faits pour impressionner, mais échappant au contrôle du public. Je n’existe pas ! et l’on jette au lecteur le nom que l’agent Moïse Lid-Nazareth avait imprimé dans la Revue Maçonnique du F∴ Dumonchel ; et l’on imagine le roman complet d’une comédie, dont le metteur en scène, le Deus ex machinâ, serait M. Léo Taxil. Des phrases, des phrases, des phrases ; pas une seule preuve de ce qui est avancé si odieusement[1].

Le docteur Bataille avait commis une faute. Dans un livre tel qu’en écrivent les journalistes boulevardiers, intitulé le Geste, il avait introduit un chapitre indigne d’un chrétien : « le Geste hiératique ». J’ignorais ce livre ; il est, paraît-il, devenu introuvable, et l’Univers a reconnu qu’il semblait avoir été retiré du commerce ; peut-être, simplement, l’édition a été épuisée, l’éditeur ne l’a plus réimprimé. Un de mes amis a bien voulu aller lire ce livre à la Bibliothèque Nationale de Paris, afin de m’envoyer son appréciation. J’avais posé cette question : « Est-ce l’œuvre d’un libre penseur militant, comme on l’a dit ? est-ce un ouvrage de combat contre l’Église ? » Il m’a été répondu : « C’est une œuvre d’artiste sceptique ; le fond est mauvais ; le chapitre du Geste hiératique est des plus déplorables ; mais ce livre n’a aucun rapport avec ceux que publient les écrivains qui font métier de combattre l’Église. C’est l’erreur d’un cerveau troublé, et non l’œuvre d’un libre penseur mili-

  1. Deux des mensonges du journal prussien feront juger l’ensemble de l’article. Lorsque je vins à Paris en décembre 1893 pour tenter de soulever les hauts matons français contre Lemmi, ainsi que je l’ai dit dans la note de la page 420, je ne réussis pas ; ni le Grand Orient ni le Suprême Conseil de France ne voulurent entrer dans la révolte. Je vis bien alors qu’il ne fallait pas compter sur la presse inféodée à la Maçonnerie pour ameuter l’opinion publique contre l’intrus du palais Borghèse. L’idée me vint de renseigner des journalistes catholiques antimaçons, sans leur livrer cependant nos secrets de doctrine. Quelques mois auparavant, avant le Convent souverain du 20 septembre, j’avais eu la curiosité de faire la connaissance de M. Taxil ; il fut très heureux d’avoir des informations précises. Avant de retourner à Londres, l’ayant reçu avec ses amis, je me laissai interviewer à l’hôtel, offrant à déjeuner à ces messieurs. Aujourd’hui, afin de détruire les témoignages, la Volkszeitung dit que ce fut une comédie et que le rôle de Diana Vaughan était joué par une femme de chambre, insinuant que le gérant de l’hôtel, ami de M. Taxil et de connivence avec lui, lui avait prêté une camériste pour mystifier ses amis. Quand on porte des accusations aussi graves, on doit donner des preuves.
    Au sujet de ma photographie en tenue palladique (costume masculin), la Volkszeitung insinue que c’est M. Taxil qui a posé : puis, on aurait collé la tête de son épouse sur le portrait, et enfin on aurait photographié l’ensemble, retouché, pour établir le portrait définitif. Ce n’est pas le journal prussien qui a inventé ce mensonge ; il est maçonnique d’assez vieille date, et bon nombre de catholiques, y ayant cru plus ou moins, l’ont colporté, notamment un certain abbé. C’est sans doute une malice de dire que ma photographie est le portrait de telle autre personne ; mais ce n’est pas catholique du tout.