Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/413

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s’ouvrit, et deux femmes, fort bien mises, entrèrent. L’une était jeune, jolie, d’une beauté étrangère ; l’autre, d’un âge mûr, chaperonnait sa compagne.

Après les présentations, on causa de maçonnerie, de palladisme, bien entendu. Tout marcha d’abord à souhait. Sans être d’une clarté absolue, les explications de celle qui s’appelait Diana Vaughan concordaient avec les révélations des brochures à dix centimes la livraison. Mais peu à peu la conversation dérailla, les mots prirent une allure étrange, et l’accent d’anglais qu’il était devint faubourien, en même temps que, fatiguée sans doute de la leçon qu’elle avait apprise et du rôle qu’on lui faisait jouer, la fausse palladiste se jeta dans des digressions qui, pour être lucifériennes, ne correspondaient plus au caractère dont les inventeurs de Diana Vaughan avaient revêtu leur héroïne.

Les deux personnages étaient fixés et dupés. Le premier train qui passa les ramena à Paris complètement édifiés.

Quant aux deux femmes, elles reprirent le chemin des trottoirs de Lyon, d’où elles étaient venues…

Nous n’en dirons pas plus long, ne voulant pas déflorer les renseignements très suggestifs que possède un de nos confrères de Paris sur l’étonnante mystification des Taxil et consorts, et qu’il a sans doute l’intention de rendre publics pour l’édification des âmes trop crédules.


Ici le but de la secte ne saurait échapper à personne de sensé. On cite un fait précis ; le coup est formidable contre M. Léo Taxil et contre moi-même. Une Commission d’enquête fonctionne, recueillant les témoignages des catholiques qui ont pu me connaître avant ma conversion. Avec cette anecdote, on réduit à néant la valeur de leur témoignage : quiconque m’aura vue, m’aura parlé, est une dupe, a été mystifié. « Maintenez-vous votre déposition ? » demandera-t-on, par exemple, à ce curé italien, congressiste de Trente, qui se rappelle s’être rencontré avec moi en voyage, ou bien à ce religieux qui réussit à se glisser dans une réunion où il déclare m’avoir entendu faire une conférence. Si l’interpellé persiste, si des témoignages de ce genre ont pour conséquence une décision favorable de la Commission romaine, la secte, qui garde le silence aujourd’hui, laissant certains journaux catholiques faire son jeu, rééditera alors l’anecdote du Nouvelliste et dira : « Les témoins qui ont été entendus, ceux qui ont certifié par écrit, sont peut-être de bonne foi ; mais ce sont des gens qui ont eu affaire à une pseudo-Diana plus habile que la fausse Diana Vaughan de Villefranche. »

« Il n’y a pas de Haute Maçonnerie, dit la secte ; il n’y a pas de Rite suprême. C’est M. Léo Taxil qui fait voyager par le monde ces mystérieux inspecteurs et ces mystérieuses inspectrices du Palladium, afin de donner un corps à ce Palladisme, sur lequel il fait des fausses révélations en les signant « Diana Vaughan ». Ainsi la Sophia Walder n’existe pas plus que l’autre : elle est allée à Cherbourg, à Reims, à Nancy ? c’est M. Léo Taxil qui faisait voyager une pseudo-Sophia. En septembre dernier, la présence de Sophia Walder à Jérusalem a été constatée ? c’est M. Léo Taxil qui a payé ce voyage en Palestine à une fille de Lyon, laquelle, à cette heure, doit être retournée à ses trottoirs. Sans doute, tous ces frais sont considérables ; mais les bénéfices nets de l’opération laissent de belles rentes à M. Taxil. Les Mémoires d’une Ex-Palladiste ont des centaines de milliers d’abonnés »

M. Léo Taxil réclame la lumière immédiate et complète sur l’étrange aventure signalée par le Nouvelliste de Lyon. Il demande à S. E. le Cardinal