Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/546

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de faire connaître ce document, de dire comment les satanistes romains racontent ce fait. Par hardi mensonge, on donne à croire au public catholique que je me suis inscrite formellement en garantie d’une telle manifestation de l’esprit du mal. Cependant, j’ai fort bien déclaré que je n’étais pas présente ; je rapporte ce que les Palladistes affirment, rien de plus. Le document exige, puisque j’en possède la photographie, et il n’a été nié par aucun des Mages Élus signataires qui vivent encore et sont des personnages de grande notoriété. Cette manifestation diabolique est-elle possible ? quel catholique soutiendrait le contraire ? et, de ce que je crois à la dite apparition de Bitru, pourquoi conclure que, convertie aujourd’hui, je persiste à croire à la réalisation des prophéties du démon ? Voilà ce qui est mauvaise foi, de la part des adversaires ; car j’ai répété, à maintes reprises, que je considère maintenant les esprits infernaux comme d’effrontés menteurs. Et si cette apparition n’a même pas eu lieu, il n’en reste pas moins vrai que, de 1883 à 1896, sa légende a été colportée dans les Parfaits Triangles, afin de rehausser l’importance de M. Sophie Walder en tant que grande-prêtresse du Palladisme.

Le R. P. Portalié a traité d’apocryphe le document que j’ai produit. Lemmi, Bertani, Crispi, Ettore Ferrari, Bovio, Maiocchi, Basilari ne niaient pas ; c’est ce religieux qui s’est chargé de nier à leur place. Selon lui, le document a été fabriqué par un faussaire français ; le diable n’ignore pas le latin, dit-il. Le prétendu faussaire français « a oublié la règle Ludovicus rex et écrit me Sophia »

M. Tardivel a fait justice de cette critique.

« Le Père Portalié, a-t-il répondu, est tellement aveuglé par le parti-pris, qu’il n’a pas su lire le document qu’il prétend examiner en critique impartial. Car c’est à un véritable aveuglement, et non point au désir de tromper ses lecteurs, qu’il faut sans doute attribuer la falsification de texte qui se trouve dans le passage qu’on vient de lire.

« Pour convaincre le diable Bitru d’ignorance, pour multiplier les fautes grossières dont il aurait émaillé son style, le Père Portalié invoque la règle Ludovicus rex et déclare qu’on lit me Sophia. Or, cela est faux, pour appeler les choses par leur vrai nom. »

Et M. Tardivel reproduit, fidèlement, lui, le passage du document en question, dont le fac-similé photogravé se trouve à la page 317 de mon volume sur Crispi. Et voici ce que réellement on lit :

« Prœpotens ille Sanctusque Bitru, adstantibus bic infra scriptis FF∴ necnon unoquoque eorum Mago Electo, pronuntiavit ME, Sophia-Sapho nomine, a Nostro Divino Magistro Summoque Domino, Deo Optimo Maximo, Extelso Excelsiore, proprie DESIGNATAM incarnait Anti-Christi PROAVIAM. »