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Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/583

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d’une récipiendaire élevée dans les croyances du catholicisme romain. On avait donc eu tort, selon lui, de ne pas tenir compte, à Paris, de l’éducation que j’avais reçue ; mais j’étais allée trop loin en ne pas donnant aux Saint-Jacques une satisfaction qui aurait dû n’avoir pour moi aucune importance.

En somme, le grand-maître était fort ennuyé, fort perplexe ; il m’aimait bien et ne voulait pas se déclarer contre moi, ni blâmer officiellement les Saint-Jacques.

Cependant, il fallait se prononcer sur la requête du Triangle parisien ; ma radiation était énergiquement demandée.

Moi, non seulement j’entendais demeurer palladiste, mais encore je réclamais ma proclamation comme Maîtresse Templière, attendu, dis-je, que j’avais prêté mon serment me vouant à Lucifer et que je n’en rétractais pas un mot.

Une discussion s’engagea entre les Mages Élus de Louisville. Le F▽ N. P. avait un rival qui avait convoité la succession palladique de mon père, et quelques uns étaient ses partisans. Le grand-maître était d’avis de ne pas me radier, mais de renvoyer le vote à trois mois, dans l’espoir que, par mon oncle, on me déciderait à donner ma démission : au moyen de cette solution, pensait-il, tout serait sauvegardé ; les Saint-Jacques n’insisteraient plus, et mes amis de Louisville me garderaient amitié dans tes relations profanes. Plus tard, quand l’émotion que j’avais causée à Paris se serait apaisée, on obtiendrait un décret d’Albert Pike, et on me réintégrerait. Mais, par esprit d’opposition à N. P., son rival R. T. combattit cette proposition et parla vivement en faveur d’un vote immédiat. Moi, je voulais aussi qu’on en finît tout de suite, et encore une fois je réclamai mon maintien et ma proclamation.

Alors, on me lut l’article 327 de la Constitution, en vertu duquel l’Atelier palladique, qui a commencé une initiation à un grade quelconque et qui l’a interrompue, peut seul, s’il y a lieu, c’est-à-dire si le récipiendaire est enfin reconnu acceptable, reprendre le cérémonial et donner la consécration d’abord refusée.

À cela je ne pouvais rien répondre ; ma contrariété était des plus vives.

Un premier vote, à mains levées, repoussa le renvoi à trois mois. La situation devenait inextricable ; en effet, presque tous étaient, au fond, contre la radiation, et les quelques uns qui inclinaient à donner satisfaction à la requête des Saint-Jacques ne m’étaient pas hostiles, à moi personnellement ; mais leur but était de mettre N. P. dans une fausse position, puisque, sans donner un blâme absolu à la requête, il avait dit qu’il fallait néanmoins l’écarter ; et, s’ils avaient réussi, N. P. aurait été moralement obligé de démissionner comme grand-maître et de céder la place à leur candidat R. T.