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du comité de l’Atelier, et au verso la liste de tous les affiliés avec leur grade et leur domicile. Or, les Ateliers ne se contentent pas d’envoyer ces planches à leurs membres ; ils en déposent, en outre, un certain nombre sur les banquettes des temples, aux jours de réunion des autres Loges, et c’est ainsi que les Ateliers sollicitent réciproquement les Frères Visiteurs.

Eh bien, par une inadvertance vraiment providentielle, Rosen oublia, dans le stock qu’il vendit au Comité antimaçonnique, une des planches sur lesquelles son nom figurait, et les catholiques de ce comité eurent ainsi, par Rosen lui-même, la preuve qu’en 1886 il était membre actif de la Loge les Hospitaliers de Saint-Ouen.

On comprend maintenant la lucrative opération de Paul Rosen : il n’achetait pas les planches, il ne graissait pas la patte aux Frères Servants ; non ! il passait dans les Ateliers, les soirs de réunion, assistait à la séance comme Frère Visiteur, et faisait une râfle générale. Tout bénéfice pour lui, sa vente de documents aux catholiques !… Avais-je raison de dire que notre Rosen n’est pas le premier venu ?…

M. de la Rive a fait une autre découverte. En feuilletant une collection de la Chaine d’Union, revue maçonnique qui porte pour sous-titre : « journal de la Franc-Maçonnerie universelle », il a trouvé, dans le n° de novembre 1887, une longue lettre, écrite pour la défense de la secte contre M. Léo Taxil. Cette lettre, qui n’occupe pas moins de trois pages, est adressée au directeur de cette revue, le F∴ Esprit-Eugène Hubert. Elle débute ainsi : « T∴ C∴ F∴ Hubert, dans le dernier numéro (octobre 1887) de votre estimable journal la Chaîne d’Union, vous appelez l’attention », etc. Elle se termine par la formule maçonnique : « Recevez, T∴ C∴ F∴ Hubert, mes salutations frat∴ et empressées ». Et elle est signée : « Paul Rosen ». Aucun doute, donc. Paul Rosen était toujours maçon en 1887.

Le bon R. P. Lescœur tient Rosen pour un ancien, très ancien converti. Grace à M. de la Rive, nous avons la reproduction d’un document qui n’a pas été démenti et qui éclaire d’un jour singulier les opérations de l’ex-rabbin. Ce document, M. de la Rive, l’a publié dans la Femme et l’Enfant dans la Franc-Maçonnerie universelle, après sa citation de la lettre dont je viens de parler.

Ce document nous montre Rosen en 1882. C’est un « Attendu » extrait d’un jugement, rendu, le 9 août 1889, par la première Chambre du Tribunal Civil de la Seine, dans un procès du dit Paul Rosen (affaire Letouzey et Ané) :


« Attendu qu’il est intervenu, le quatorze janvier mil huit cent quatre-vingt-deux, entre Paul Rosen et l’abbé Brettes un acte sous signatures privées qui sera enregistré, et aux termes duquel Rosen vendait à l’abbé Brettes une bibliothèque