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maçonnique de six cents volumes, moyennant le prix de cinq mille cinq cents francs ; que, par le même acte, Rosen s’engageait à prêter son concours actif pour tous renseignements et SECRETS nécessaires, et ainsi à rendre aussi complet que possible l’ouvrage que l’abbé Brettes s’engageait à faire contre la Franc-Maçonnerie, ouvrage dont les frais et bénéfices devaient être partagés par moitié entre Rosen et l’abbé Brettes. »


Et M. de la Rive commente ainsi : « Donc, Paul Rouen, le 14 janvier 1882, passait bien un acte par lequel il prenait l’engagement de livrer des secrets maçonniques CONTRE ESPÈCES. Quel joli métier !… Ce n’est pas comme catholique qu’il agissait, puisqu’il ne disait pas tout ; et la facilité de dire tout (démontrée par l’aisance avec laquelle il obtient des bibliothèques maçonniques comprenant jusqu’à six cents volumes) prouve surabondamment qu’il se tait volontairement sur ce qu’il ne dit pas. Et Paul Rosen, qui fait cela, au moins depuis 1882, peut signer en novembre 1887, comme Maçon, la lettre publiée par la Chaîne d’Union. »

Ainsi, trois ans avant d’être honoré du Bref Pontifical qu’on a lu plus haut, Rosen prenait la défense de la secte dans les pages mêmes du journal de la Franc-Maçonnerie universelle.

Et après le Bref, après la solennelle Bénédiction Apostolique ?…

Paul Rosen avait commis une maladresse, en se laissant aller à écrire cette lettre maçonnique au F∴ Hubert dans un moment de colère contre M. Léo Taxil ; il ne retomba plus dans cette faute.

La mission qu’il remplit pour tenter d’enrayer le mouvement de révélations sur la Haute-Maçonnerie se borna prudemment à des démarches ; son action fut exclusivement verbale. Jusqu’en 1890, il avait fait montre de quelque zèle catholique, tout en se faisant payer fort cher ses planches et ses livres de Maçonnerie avouée. Son livre l’Ennemie Sociale avait été imprimé pour la forme, dans le but d’obtenir, par le Cardinal Rampolla, la bénédiction officielle de Léon XIII ; il fut tiré à très peu d’exemplaires, et il en arrêta bientôt la vente. Dès lors, l’ouvrage fut introuvable ; Rosen se garda bien d’autoriser son éditeur à le réimprimer.

Son but était atteint ; l’élogieuse approbation du Pape devenait la clef qui lui ouvrirait partout les portes des catholiques ; cela lui suffisait.

Et nous le voyons alors, pendant sept ans, promenant partout le plan d’un ouvrage, les Kadosch-Kadoschim, qu’il devait toujours faire incessamment paraître, et qui ne parut jamais. Bon prétexte pour entrer en conversation et combattre par la parole les révélations désagréables à la secte. Il va, il vient, il est constamment en voyage, en France, en Belgique, en Allemagne, en Hollande, en Italie. Qui payait les frais de ces continuelles pérégrinations ? Mystère.