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chapitre ii

Je crois !

Je voulais consacrer le deuxième chapitre de ces Mémoires à mon éducation luciférienne ; il faut un tel exposé pour que l’on comprenne tout-à-fait comment j’ai pu demeurer si longtemps dans l’erreur, comment un miracle de la divine grâce pouvait seul m’en retirer. Cet exposé complètera le récit de ma première apparition de Satan.

Mais il est un récit que mes nouveaux amis attendent avec plus d’impatience encore, et je ne dois pas le retarder.

En vérité, plus je considère ma conversion dans ses phases successives, plus je suis confondue devant la bonté de Dieu. L’éternel Père n’a pas voulu seulement m’arracher à l’abîme ; il lui a plu de me conduire à la pleine lumière par des voies admirables. Immense miséricorde, infinie sagesse, voilà bien Dieu !

Ce sont ces phases de ma conversion qui ne doivent pas rester dans l’ombre. Ah ! combien j’avais hâte d’écrire ces mots, adressés aux fidèles catholiques :

— Amis, je suis vraiment vôtre ; je crois, de toutes les forces de mon âme  ; votre foi est ma foi. Oui, je crois !

Que de merveilles en tout ceci ! quel grand miracle !… Ce qui est le plus inouï, c’est que tout s’est fait de soi. Humains, nous sommes peu de chose. Abaissons notre orgueil, et reconnaissons que rien ne s’accomplit sans la volonté de Dieu.

Nous croyons être les auteurs de ceci ou de cela !… Erreur ; nous sommes de simples instruments, et combien fragiles.

On sait comment j’ai quitté le Palladisme ; on sait dans quelles circonstances je suis allée au couvent, voulant me borner à une visite. Là était, là est encore une digne religieuse, amie de la sœur ainée de ma mère, la seule protestante de ma famille qui, veuve, devint catholique. On sait qu’au moment de partir, — c’était le matin de la Fête Dieu, — je manifestai le désir, aussitôt exaucé, d’assister à la sainte messe. Puis, je demeurai au couvent jusqu’au samedi 15 juin ; finalement, je partis le soir, pour regagner ma retraite.

Tout ceci, je l’ai raconté immédiatement dans cette publication, je n’en ai pas dit, je n’en pouvais pas dire davantage, sur le premier moment ; mais ceux qui savent lire entre les lignes et qui apprécient