Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/269

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Les six Juges assis à côté du Grand Maître se lèvent et vont, chacun de son côté, recueillir les voix. Ils rendent compte du scrutin.

Le Grand Maître. — Chevalier Grand Servant d’Armes, proclamez dans l’Aréopage que l’aspirant va subir son sort.

Le Grand Servant d’Armes fait trois fois le tour de l’Aréopage et dit à chaque tour : — L’aspirant va subir son sort.

Le Grand Maître. — Conduisez-le où son devoir l’appelle, et qu’il s’arme de fermeté !

Alors se passe une abominable comédie, qui surpasse en horreur tout ce que l’imagination peut supposer.

Le récipiendaire, toujours avec les yeux couverts, est emmené dans la Chambre Noire. Là, attaché à un chevalet, est un mouton vivant, dont le côté gauche a été rasé de près ; la pauvre bête est en outre solidement muselée, de façon à ne pouvoir faire entendre le moindre gémissement. Près du chevalet se tient un Frère qui imite les soupirs d’un homme garrotté et bâillonné.

Le Grand Maître et les Grands Juges se sont rendus, eux aussi, dans la Chambre Noire.

Le Grand Maître, au récipiendaire. — Frère, quand tu fus reçu au grade d’Élu, tu vengeas symboliquement la mort d’Hiram. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de frapper des mannequins, ni de traverser de ton poignard des têtes depuis longtemps privées de la vie… Tu sais qu’il n’est de si belle institution qui ne contienne des traîtres. Un misérable, appartenant à un Atelier de notre obédience, a trahi, il y a peu de temps, notre cause sacrée, et nous avons pu nous emparer de lui… Il est là ; sa dernière heure est venue… Entends les grondements de rage qu’il pousse, sachant que le châtiment va s’accomplir et qu’il ne peut plus y échap-