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Qu’allais-je devenir, seul, abandonné, dans cet endroit désert ?

La pensée, — je dois le dire, hélas ! — ne me vint pas de prier. Il est vrai que d’autres, là-bas, dans la patrie, priaient pour moi.

Je me demandai si je ne serais pas la proie de quelque bête féroce.

Je pensai au lion aperçu la veille, aux panthères qui pullulaient alors dans les environs de Philippeville. Je ne me sentais pas même la force de défendre ma vie.

Tandis que je me désespérais ainsi, je perdis connaissance.

Au bout d’un temps dont j’ignore la durée, je repris mes sens. Deux visages bronzés d’arabes étaient penchés sur moi ; l’un de ces hommes me donnait à boire une liqueur réconfortante.

Ne pouvant m’expliquer, je leur dis :

— Philippeville ! Philippeville !

Ils me comprirent, me saisirent l’un par les aisselles et l’autre par les pieds, et je terminai ma route, ainsi porté.

J’avais quelque argent sur moi ; je leur en offris ; ils n’en voulurent point. Ces braves gens étaient tout heureux d’avoir sauvé la vie à un « petit zouave ».