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furent, de la même manière, condamnés par nous à être fusillés à la première occasion. Seulement, ce qui nous exaspérait, c’était que nous ne pouvions pas exécuter notre sentence, puisque nous n’avions plus de fusils.

De leur côté, les « girondins » ne ménageaient pas les « montagnards ». Ils avaient aussi constitué leur Cour Martiale de la Jeune Légion Urbaine, et ils nous jugeaient également sans comparution. Toutefois, ils furent plus cléments que nous, tout en qualifiant de « crime de lèse-patrie » le fait de vouloir le maintien d’Esquiros. Nous poussions la cruauté jusqu’à les condamner tous à mort ; ils eurent l’indulgence de ne nous condamner tous qu’aux travaux forcés à perpétuité.

Pendant que délibéraient nos Cours Martiales et que Cluseret voyait les bataillons de la garde nationale les uns après les autres, sauf de rares exceptions, refuser de reconnaître son autorité, Alphonse Gent débarquait à Marseille par le train d’Avignon.

Il croyait, naïf vauclusien, n’avoir qu’à se présenter à la Préfecture pour être acclamé par tous les habitants des Bouches-du-Rhône ;