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que nous les rangions en belles pyramides, nous nous mettions en grande sueur ; mais, le soir, cette besogne terminée, nous avions la satisfaction du devoir accompli.

— Gare aux versailleux, s’ils viennent ! disions-nous ; ils seront contents de la réception !…

Et notre chef de la Légion Urbaine, notre brave commandant Giraud, en voilà un qui se donnait du mouvement !

Rien n’était plus curieux que de le voir se démener dans son bureau, situé au premier, à gauche, du côté des salons.

À l’entendre, la pièce qu’il s’était réservée dans la Préfecture était pleine de matières explosibles. À peine entrait-on chez lui qu’il bondissait hors de son fauteuil.

— Prenez garde ! criait-il ; attention ! ne touchez rien ici ! il y a dans ce bureau de quoi faire sauter tout Marseille !

Si vous aviez le malheur de bouger, de remuer une chaise, de vous diriger vers un placard, il prenait des airs à la fois épouvantés et mystérieux et vous obligeait à l’immobilité la plus complète. Il semblait que mille bombes allaient partir de tous les coins, au moindre mouvement.